3 kilomètres de remparts et 11 hectares de mystères : découvrez la plus grande cité fortifiée d'Europe

La cité fortifiée de Carcassonne représente un témoignage exceptionnel de l'architecture militaire médiévale en Europe. Avec ses 3 kilomètres de remparts parfaitement conservés, ses 52 tours majestueuses et ses deux enceintes concentriques, cette forteresse médiévale occupe une position stratégique unique surplombant la vallée de l'Aude. Le système défensif de Carcassonne, perfectionné au fil des siècles depuis l'époque gallo-romaine jusqu'au XIXe siècle, illustre près de 1000 ans d'architecture militaire et 2500 ans d'histoire.
La plus grande enceinte fortifiée d'Europe avec 52 tours de guet et 3km de murailles
L'impressionnant système défensif de Carcassonne s'étend sur une superficie totale de 11 hectares. Les remparts sont constitués de deux enceintes concentriques séparées par des lices d'une largeur de 15 à 20 mètres. La première enceinte, construite au XIIIe siècle, mesure 1250 mètres de long et comporte 26 tours. La seconde enceinte, édifiée à partir du règne de Louis IX, s'étend sur 1800 mètres et compte également 26 tours, portant le total à 52 tours de guet.
Les murailles atteignent des hauteurs vertigineuses, allant de 8 à 10 mètres pour l'enceinte extérieure et jusqu'à 12 mètres pour l'enceinte intérieure. Leur épaisseur varie entre 2 et 3 mètres, offrant une protection imprenable contre les assauts ennemis. Les tours, dont certaines culminent à plus de 30 mètres, sont équipées de meurtrières, d'archères et de hourds en bois permettant aux défenseurs de contrôler les abords de la cité.
Un fait remarquable est le système de défense avancé constitué par la barbacane Saint-Louis, un ouvrage militaire complexe comportant son propre fossé et son pont-levis. Cette structure défensive supplémentaire, rare dans son état de conservation, protégeait l'entrée principale de la cité et pouvait accueillir jusqu'à 200 hommes en armes.
2500 ans d'histoire militaire : des romains aux restaurations de Viollet-le-Duc
L'histoire de Carcassonne débute dès le VIe siècle avant J.-C., avec l'établissement d'un premier oppidum par les Celtes. Les Romains renforcèrent la position au Ier siècle avant J.-C., construisant une première enceinte fortifiée dont certaines portions sont encore visibles aujourd'hui, notamment dans les soubassements des tours ouest.
Au cours du Moyen Âge, la cité connut plusieurs phases de construction et de renforcement. Les Vicomtes Trencavel, qui régnèrent sur Carcassonne du XIe au XIIIe siècle, entreprirent d'importants travaux, notamment l'édification du château comtal avec ses 13 tours. Après le rattachement à la couronne de France en 1247, Saint Louis ordonna la construction de l'enceinte extérieure, transformant Carcassonne en une forteresse royale imprenable.
La citadelle comportait à l'origine quatre portes principales : la porte Narbonnaise à l'est, la porte Saint-Nazaire au sud, la porte d'Aude à l'ouest et la porte du Bourg au nord. Chaque porte était protégée par un système défensif complexe incluant pont-levis, herse et assommoir. La porte Narbonnaise, particulièrement bien conservée, illustre parfaitement ces dispositifs de défense médiévaux.
Une restauration titanesque au XIXe siècle : 56 ans de travaux pour sauver la forteresse
Au XIXe siècle, la cité était dans un état de délabrement avancé lorsque Viollet-le-Duc entreprit sa restauration en 1844. Cette campagne de rénovation, qui dura 56 ans (de 1844 à 1900), constitue l'un des plus grands chantiers de restauration de l'histoire de France. Plus de 3800 ouvriers participèrent aux travaux, utilisant des techniques traditionnelles pour respecter l'authenticité du site.
Les chiffres de cette restauration sont impressionnants : 40 000 ardoises furent nécessaires pour la seule couverture des tours, 120 000 pierres de taille furent remplacées, et près de 7000 mètres cubes de mortier furent utilisés. Le coût total des travaux s'éleva à plus de 3,8 millions de francs-or de l'époque, une somme colossale pour l'époque.
Aujourd'hui, la cité accueille plus de 3 millions de visiteurs par an, ce qui en fait le deuxième site touristique le plus visité de France après le Mont-Saint-Michel. La forteresse abrite également 50 habitants permanents qui vivent à l'année dans ses murs, perpétuant ainsi la tradition vivante de cette cité médiévale exceptionnelle.