À 200m d'altitude, ce château royal conserve le plus ancien platane de France
Au cœur de la ville de Pau, le château royal domine la cité depuis plus de mille ans. Cette forteresse médiévale transformée en palais Renaissance abrite un trésor des plus insolites : le berceau d'Henri IV, façonné dans une carapace de tortue géante. Ce château, qui fut le théâtre de nombreux événements historiques, conserve encore aujourd'hui les traces du "bon roi Henri" qui y passa ses premières années, entre 1553 et 1555, avant de devenir l'un des monarques les plus populaires de l'histoire de France.
La carapace de tortue marine la plus célèbre de France : un berceau royal vieux de 470 ans
Le berceau d'Henri IV représente l'un des objets les plus emblématiques du château de Pau. Cette carapace de tortue marine, mesurant 1,2 mètre de long, fut choisie par Henri II d'Albret, grand-père du futur roi, pour accueillir le nouveau-né. La tradition locale rapporte que le nourrisson fut frotté d'ail et abreuvé de vin de Jurançon dès sa naissance, pratique censée lui donner force et vigueur. Cette carapace, symbole de longévité et de protection, a traversé les siècles et demeure aujourd'hui l'une des pièces maîtresses de la collection du château.
Le choix d'une carapace de tortue comme berceau royal n'était pas anodin. Dans la culture béarnaise du XVIe siècle, la tortue symbolisait la sagesse et la protection. Cette tradition s'inscrivait également dans les croyances de l'époque selon lesquelles les objets naturels possédaient des vertus protectrices. La carapace, restaurée à plusieurs reprises au fil des siècles, conserve encore ses supports en bois d'origine et ses ornements en soie qui témoignent du raffinement de l'artisanat de l'époque.
Un château fort devenu palais Renaissance : 1000 ans d'histoire sur 12 000 m²
Le château de Pau, dont la construction initiale remonte au XIe siècle, s'étend sur une superficie de 12 000 m². La forteresse originelle, bâtie sur un éperon rocheux surplombant le gave de Pau, fut progressivement transformée en résidence princière par les vicomtes de Béarn. Les travaux les plus significatifs furent entrepris au XVIe siècle, sous l'impulsion de Henri II d'Albret et Marguerite d'Angoulême, les grands-parents d'Henri IV.
L'édifice actuel compte 100 pièces réparties sur six niveaux, dont certaines conservent encore leur décoration d'origine. La salle des Cent Couverts, qui pouvait accueillir jusqu'à 200 convives lors des banquets royaux, témoigne de la grandeur passée du château. Les appartements royaux, notamment la chambre natale d'Henri IV, ont été méticuleusement restaurés pour restituer l'atmosphère du XVIe siècle.
La bibliothèque du château, créée sous Louis-Philippe, abrite plus de 20 000 ouvrages dont certains manuscrits rares datant du XVe siècle. Les tapisseries des Gobelins, commandées spécialement pour le château au XVIIIe siècle, ornent encore les murs des salles d'apparat, représentant des scènes de l'histoire d'Henri IV sur plus de 250 m² de surface textile.
Les jardins Renaissance : 5 hectares de verdure aux 1000 essences rares
Les jardins du château, réaménagés au XIXe siècle, s'étendent sur 5 hectares et offrent une vue imprenable sur les Pyrénées. Le parc abrite plus de 1000 espèces végétales, dont certaines datent de l'époque d'Henri IV. Le plus ancien platane du jardin, planté en 1785, atteint aujourd'hui une circonférence de 6 mètres.
La basse-plante, jardin Renaissance reconstitué selon les plans d'origine, présente des parterres géométriques typiques du XVIe siècle. On y trouve notamment des plantes médicinales et aromatiques qui étaient utilisées dans la pharmacopée royale. Le jardin abrite également une collection unique de 500 variétés de roses anciennes, dont certaines sont issues de boutures prélevées dans les jardins historiques de France.