Survol en montgolfière de Bagan: 100€ pour 1h au-dessus de 2200 temples
Au cœur du Myanmar, 2 200 temples millénaires se dressent fièrement sur une plaine aride balayée par les vents. Bagan, l'ancienne capitale du royaume de Pagan, dévoile un paysage à couper le souffle qui semble tout droit sorti d'un conte fantastique. Avec ses structures de briques rouges s'élevant vers le ciel, ce site archéologique unique au monde attire chaque année plus de 500 000 visiteurs venus contempler ce témoignage exceptionnel de la ferveur bouddhiste du 11ème au 13ème siècle.
Un empire bouddhiste à l'apogée de sa gloire
L'histoire de Bagan débute au 9ème siècle, lorsque le roi Pyinbya fortifie la ville en 849. Mais c'est véritablement sous le règne du roi Anawrahta (1044-1077) que Bagan devient le centre politique et religieux du premier empire birman unifié. Converti au bouddhisme theravada, Anawrahta lance un ambitieux programme de construction de temples et de pagodes pour célébrer sa nouvelle foi.
Durant les deux siècles suivants, pas moins de 10 000 édifices religieux sont érigés sur la plaine de Bagan. Une frénésie architecturale sans précédent qui mobilise les meilleurs artisans et architectes du royaume. Aujourd'hui encore, on reste stupéfait devant l'ampleur et la beauté de cet ensemble monumental unique au monde.
Le temple d'Ananda, joyau architectural de Bagan
Parmi les 2 200 temples encore debout, le temple d'Ananda se distingue par son élégance et sa finesse architecturale. Construit en 1105 par le roi Kyansittha, ce chef-d'œuvre est considéré comme l'apogée du style de Bagan. Sa structure cruciforme parfaitement symétrique abrite quatre gigantesques statues de Bouddha, chacune orientée vers un point cardinal.
Une légende fascinante entoure la construction de ce temple. On raconte que huit moines venus du Mont Meru au cœur de l'Himalaya auraient décrit au roi la grotte mythique de Nandamula. Kyansittha leur aurait alors ordonné de reproduire à l'identique cette merveille à Bagan. Une fois l'édifice achevé, le souverain aurait fait exécuter les moines pour s'assurer qu'aucun autre temple aussi parfait ne puisse jamais être construit ailleurs.
Le culte des nats, une croyance ancestrale qui perdure
Si le bouddhisme règne en maître à Bagan, une croyance plus ancienne subsiste dans l'ombre des temples : le culte des nats. Ces esprits de la nature ou ancêtres divinisés sont profondément ancrés dans la culture birmane. De nombreux sanctuaires leur sont dédiés à travers le site archéologique.
Le Mont Popa, volcan éteint situé à 50 km de Bagan, est considéré comme le royaume des 37 nats principaux. Chaque année en décembre, un grand festival s'y déroule, attirant des milliers de pèlerins. L'occasion de découvrir cet aspect méconnu mais fascinant de la spiritualité birmane, où bouddhisme et animisme se mêlent harmonieusement.
Un patrimoine menacé par les séismes et le tourisme de masse
Si Bagan a traversé les siècles, le site reste vulnérable face aux aléas naturels et humains. En août 2016, un puissant séisme a endommagé près de 400 temples, rappelant la fragilité de ce patrimoine exceptionnel. La restauration des édifices s'avère délicate, entre volonté de préservation et risque de dénaturation.
Le tourisme croissant pose également la question de la préservation du site. Avec plus de 500 000 visiteurs par an, Bagan doit relever le défi d'un développement durable. Des initiatives voient le jour pour limiter l'impact des flux touristiques, comme l'interdiction d'escalader les temples depuis 2018.
"Bagan est un trésor fragile que nous devons protéger pour les générations futures. Notre défi est de trouver l'équilibre entre préservation et développement touristique", explique U Aung Aung Kyaw, directeur du département d'archéologie de Bagan.
Vidéo du jour
L'incontournable balade en montgolfière au lever du soleil
Pour saisir toute la magie de Bagan, rien ne vaut un survol en montgolfière au petit matin. Lorsque le soleil émerge à l'horizon, baignant la plaine d'une lumière dorée, le spectacle est tout simplement époustouflant. Les temples surgissent de la brume, leurs silhouettes se découpant sur le ciel rougeoyant.
Cette expérience inoubliable se déroule généralement entre octobre et avril, lorsque les conditions météorologiques sont optimales. Réserver à l'avance est indispensable, surtout en haute saison de novembre à février. Comptez environ 300$ par personne pour une heure de vol, un tarif élevé mais justifié par la beauté du spectacle et les strictes mesures de sécurité.
À la découverte des trésors cachés de Bagan
Au-delà des incontournables comme Ananda ou Dhammayangyi, Bagan recèle de nombreux trésors méconnus. Le temple de Gubyaukgyi, surnommé la "grotte peinte", abrite de magnifiques fresques du 12ème siècle remarquablement préservées. Ces peintures murales anciennes rappellent celles que l'on peut admirer dans certains villages européens, témoignant d'un art pictural raffiné.
Pour échapper aux foules, dirigez-vous vers les temples plus isolés comme Tayok Pye ou Pya Tha Da. Vous pourrez y contempler le coucher de soleil dans une atmosphère paisible, loin de l'agitation des sites les plus fréquentés. N'hésitez pas à louer un vélo électrique pour explorer la plaine à votre rythme et dénicher vos propres coins secrets.
Saveurs birmanes : à la découverte d'une cuisine méconnue
La gastronomie birmane reste largement méconnue, éclipsée par ses voisines thaïlandaise ou vietnamienne. Pourtant, elle recèle de véritables trésors culinaires à découvrir absolument lors de votre séjour à Bagan. Ne manquez pas de goûter au mohinga, soupe de nouilles au poisson considérée comme le plat national birman.
Pour une expérience authentique, rendez-vous au marché de Nyaung U tôt le matin. Vous y dégusterez un petit-déjeuner typique à base de mohinga ou de ohn no khao swè, nouilles au lait de coco. L'occasion aussi de découvrir les étals colorés regorgeant de fruits exotiques et d'épices parfumées.
"La cuisine birmane est un mélange subtil d'influences indiennes, chinoises et thaïlandaises. Elle privilégie les saveurs douces et les textures variées", explique Ma Thandar, cheffe au restaurant The Moon à Bagan.
Quand partir ? La meilleure période pour visiter Bagan
La saison idéale pour découvrir Bagan s'étend de novembre à février. Les températures sont alors plus douces (25-30°C) et les précipitations rares. C'est aussi la période où les vols en montgolfière sont possibles. Attention toutefois, il s'agit de la haute saison touristique avec des tarifs plus élevés et une affluence importante sur les principaux sites.
Pour profiter de Bagan dans une ambiance plus calme, optez pour les mois d'octobre ou mars. Le climat reste agréable et vous éviterez les foules de la haute saison. Évitez en revanche la période de mousson (juin-septembre) peu propice aux visites, ainsi que les mois d'avril et mai où la chaleur peut être écrasante.
Où dormir ? Les meilleurs hébergements à Bagan
Bagan offre un large choix d'hébergements pour tous les budgets. Pour une expérience luxueuse, le Bagan Lodge propose des villas spacieuses avec piscine privée, idéales pour se ressourcer après une journée d'exploration. Son spa offre des massages traditionnels birmans pour un moment de détente absolu.
Les voyageurs en quête d'authenticité opteront pour l'Oasis Bagan, une guest-house familiale située dans le village de New Bagan. Ses bungalows en bois traditionnels offrent un confort simple mais chaleureux. Le petit-déjeuner servi sur la terrasse avec vue sur les temples est un véritable enchantement.
Pour les petits budgets, le Ostello Bello Bagan propose des dortoirs propres et confortables ainsi qu'une ambiance conviviale. Sa terrasse sur le toit est l'endroit idéal pour admirer le coucher de soleil sur les temples tout en sirotant un cocktail.
Au-delà de Bagan : que voir aux alentours ?
Si Bagan mérite à elle seule plusieurs jours de visite, ses environs regorgent également de merveilles à découvrir. À 50 km au sud-est se dresse le Mont Popa, volcan éteint surmonté d'un monastère perché à 737 mètres d'altitude. Les 777 marches qui y mènent offrent une vue époustouflante sur la plaine environnante.
Cette combinaison d'un site perché et d'un paysage naturel grandiose n'est pas sans rappeler certains villages médiévaux français, bien que dans un contexte culturel totalement différent.
Plus au nord, la ville de Mandalay vaut également le détour. Ancienne capitale royale, elle abrite de somptueux monastères en teck et le célèbre pont U Bein, plus long pont en teck du monde. Une excursion en bateau sur l'Irrawaddy jusqu'aux anciennes capitales d'Ava et Mingun complètera parfaitement votre découverte de la Birmanie centrale.
Bagan, une destination qui marque les esprits
Bagan est bien plus qu'un simple site archéologique. C'est un lieu où le temps semble s'être arrêté, où chaque lever de soleil offre un spectacle à couper le souffle. Arpenter ses temples millénaires, c'est plonger dans l'histoire fascinante d'un empire bouddhiste à son apogée. C'est aussi partir à la rencontre d'un peuple accueillant, fier de son héritage et tourné vers l'avenir.
Alors que le tourisme se développe, Bagan fait face au défi de préserver son authenticité tout en s'ouvrant au monde. Une chose est sûre : ceux qui ont la chance de découvrir ce lieu magique en reviennent transformés, emportant avec eux des souvenirs impérissables et l'envie irrépressible d'y retourner un jour.