Ce lac français cache le seul poisson noir au monde

Au cœur des Pyrénées ariégeoises, un lac aux eaux sombres et profondes attire depuis des siècles l'attention des visiteurs et alimente les légendes locales. Le lac de Bethmale, avec sa superficie de 8 hectares et ses 42 mètres de profondeur, est entouré de mystères et d'histoires tragiques qui ont marqué l'imaginaire collectif. Ses eaux cristallines, qui reflètent les sommets environnants, cachent des secrets bien gardés que les habitants se transmettent de génération en génération depuis plus de 800 ans.

Les eaux glaciales à 42 mètres de profondeur gardent les secrets de 7 villages engloutis

Le lac de Bethmale n'a pas toujours existé sous sa forme actuelle. Les archives départementales révèlent qu'au XIIIe siècle, une vallée verdoyante abritait sept villages prospères. Une nuit de 1231, un gigantesque éboulement provenant du Mont Vallier provoqua la formation d'un barrage naturel. Les eaux de plusieurs torrents s'accumulèrent progressivement, submergeant inexorablement les villages et leurs habitants.

Les plongeurs qui explorent aujourd'hui les profondeurs du lac rapportent avoir observé des vestiges de ces anciennes habitations. À 30 mètres sous la surface, des pans de murs et des fondations témoignent encore de cette catastrophe. Plus impressionnant encore, certains affirment avoir aperçu les restes d'une église dont le clocher pointerait vers la surface, comme un rappel silencieux de la tragédie.

La température de l'eau, qui ne dépasse jamais 12°C même en plein été, contribue à la préservation exceptionnelle de ces vestiges submergés. Les conditions de visibilité sous-marines, particulièrement bonnes jusqu'à 15 mètres de profondeur, permettent d'observer ces témoignages du passé, attirant des plongeurs expérimentés du monde entier.

Des phénomènes inexpliqués alimentent les chroniques locales depuis 800 ans

Les habitants de la vallée rapportent des événements étranges qui se produisent régulièrement autour du lac. Le plus célèbre d'entre eux est le "chant des cloches englouties". Certains soirs de pleine lune, particulièrement en hiver, des sons cristallins semblables à des carillons émergent des profondeurs. Les analyses acoustiques réalisées en 1987 ont confirmé l'existence de ces vibrations, sans pour autant en expliquer l'origine.

Vidéo du jour

Un autre phénomène intriguant concerne les "lumières dansantes" qui apparaissent parfois à la surface du lac. Ces manifestations lumineuses, documentées depuis le XVIIIe siècle, se produisent généralement entre minuit et deux heures du matin. Les scientifiques évoquent la possibilité de gaz naturels s'échappant des sédiments, mais cette explication ne convainc pas tous les observateurs.

Les archives judiciaires du XIXe siècle mentionnent plus de 23 disparitions inexpliquées autour du lac. La plus célèbre reste celle de Marie-Jeanne Soubirous, une bergère de 17 ans, qui s'est volatilisée en 1856 alors qu'elle gardait son troupeau sur les rives. Son corps n'a jamais été retrouvé, malgré des recherches approfondies qui ont duré plusieurs mois.

Une biodiversité unique avec des espèces endémiques vieilles de 10 000 ans

Le lac de Bethmale abrite une faune aquatique exceptionnelle. Les biologistes y ont recensé 12 espèces de poissons endémiques, dont le mythique "salmo bethmalensis", une variété de truite qui ne se trouve nulle part ailleurs au monde. Ces poissons, véritables fossiles vivants, sont les descendants directs des espèces qui peuplaient les torrents pyrénéens il y a plus de 10 000 ans.

Les rives du lac abritent également une flore unique, avec notamment la présence de la "Rosa bethmalensis", une variété de rose sauvage aux pétales noirs découverte en 1922. Cette plante, qui fleurit uniquement la nuit, fait l'objet d'études approfondies pour comprendre son adaptation aux conditions particulières du site.

Les études géologiques révèlent que le fond du lac est tapissé d'une couche de sédiments vieux de 15 000 ans, constituant une archive naturelle exceptionnelle du climat pyrénéen. Ces dépôts ont permis aux scientifiques de reconstituer l'histoire climatique de la région et de mieux comprendre les variations météorologiques sur plusieurs millénaires.

Un programme de conservation, lancé en 2010, vise à préserver cet écosystème unique. Les mesures incluent la limitation du nombre de visiteurs à 150 par jour pendant la haute saison et l'interdiction totale d'accès à certaines zones particulièrement sensibles entre novembre et mars.