Cet oiseau français tambourine plus vite qu'un batteur de rock !

Au cœur des forêts anciennes de feuillus, un rythme subtil et persistant résonne : c'est le tambourinage du Pic mar (Dendrocopos medius). Cet oiseau forestier, aussi beau que discret, est l'un des trésors méconnus de la biodiversité française. Avec son plumage élégant noir et blanc, rehaussé d'une calotte rouge vif, le Pic mar est un véritable joyau ailé. Pourtant, cette espèce fascinante est aujourd'hui menacée, principalement par la déforestation et la perte de son habitat spécifique.

Saviez-vous que le Pic mar peut frapper le bois jusqu'à 20 fois par seconde ?

Le Pic mar est un véritable virtuose du tambourinage. Lors de ses séances de percussion, il peut frapper le bois jusqu'à 20 fois par seconde, créant ainsi un roulement rapide et distinctif. Cette prouesse est rendue possible grâce à une anatomie spécialement adaptée : son crâne est renforcé par des os spongieux qui absorbent les chocs, et sa langue, extraordinairement longue, s'enroule autour de son cerveau pour le protéger des impacts répétés. Ce tambourinage sert non seulement à marquer son territoire, mais aussi à communiquer avec ses congénères et à attirer un partenaire pendant la saison de reproduction.

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Contrairement à la plupart des autres pics, le Pic mar ne creuse pas systématiquement de nouvelles cavités chaque année. Il préfère réutiliser et aménager des cavités existantes, jouant ainsi un rôle crucial dans l'écosystème forestier en fournissant des abris à de nombreuses autres espèces, des chauves-souris aux petits mammifères arboricoles.

Un bec 3 fois plus court que sa langue : l'outil parfait pour débusquer les insectes !

Le Pic mar possède une adaptation fascinante : sa langue est environ trois fois plus longue que son bec. Cette langue extraordinaire peut s'étendre jusqu'à 4 cm au-delà de la pointe du bec, permettant à l'oiseau d'atteindre des insectes profondément enfouis dans l'écorce des arbres. Equipée de minuscules barbes et enduite d'une salive collante, cette langue est un outil de précision pour capturer les larves et les insectes xylophages. Cette spécialisation alimentaire fait du Pic mar un allié précieux dans la lutte naturelle contre les ravageurs forestiers.

Le Pic mar a développé une technique de chasse unique parmi les pics européens. Au lieu de creuser profondément dans le bois comme ses cousins, il préfère écailler délicatement l'écorce des arbres à la recherche d'insectes. Cette méthode moins agressive lui permet de se nourrir sur des arbres à écorce plus fine, élargissant ainsi sa niche écologique et réduisant la compétition avec les autres espèces de pics.

Moins de 5% des forêts françaises adaptées à ses besoins : un oiseau en sursis !

Le Pic mar est extrêmement exigeant quant à son habitat. Il a besoin de forêts de feuillus matures, principalement des chênaies et des hêtraies, avec une forte proportion de vieux arbres et de bois mort. Malheureusement, moins de 5% des forêts françaises répondent actuellement à ces critères spécifiques. Cette rareté de l'habitat idéal fait du Pic mar une espèce vulnérable, dont la survie est étroitement liée à la préservation des forêts anciennes. La fragmentation des habitats et l'exploitation forestière intensive représentent des menaces majeures pour cette espèce, réduisant non seulement ses zones de nidification mais aussi ses ressources alimentaires.

Le Pic mar joue un rôle d'espèce parapluie dans la conservation des forêts. En protégeant son habitat, on préserve également tout un cortège d'espèces forestières dépendantes des vieux arbres et du bois mort, de la chouette hulotte aux coléoptères saproxyliques rares. Ainsi, la présence du Pic mar est souvent utilisée comme un indicateur de la bonne santé et de la maturité des écosystèmes forestiers.