Cette cascade de 275m se jette dans le plus beau lac des Pyrénées

Au cœur des Pyrénées centrales, le lac d'Oô représente l'un des sites naturels les plus spectaculaires de la chaîne montagneuse française. Son cadre grandiose, dominé par une cascade de 275 mètres qui déverse ses eaux cristallines dans un bassin naturel d'origine glaciaire, attire chaque année plus de 100 000 visiteurs. Cette merveille naturelle située à 1504 mètres d'altitude offre un spectacle saisissant au sein d'un cirque montagneux formé il y a plus de 20 000 ans lors de la dernière glaciation.
Une cascade monumentale de 275 mètres qui alimente un lac aux eaux turquoise de 42 hectares
Le lac d'Oô s'étend sur une superficie de 42 hectares, avec une profondeur maximale atteignant 67 mètres. Ses eaux, d'une couleur turquoise caractéristique due à la présence de particules minérales en suspension, sont alimentées par la cascade d'Oô. Cette dernière, avec ses 275 mètres de hauteur, figure parmi les plus hautes chutes d'eau de France. Le débit de la cascade varie considérablement selon les saisons, passant de 200 litres par seconde en période d'étiage à plus de 4000 litres par seconde lors de la fonte des neiges au printemps.
Le lac est entouré d'un cirque montagneux impressionnant, dont les sommets culminent à plus de 3000 mètres d'altitude. Les pics les plus notables incluent le pic de Perdiguère (3222 m), le Spijeoles (3065 m) et le Quaïrat (3060 m). Cette configuration géologique unique crée un amphithéâtre naturel qui amplifie le grondement de la cascade, créant une acoustique particulière qui résonne dans toute la vallée.
La formation du lac remonte à la dernière période glaciaire, il y a environ 20 000 ans. L'érosion glaciaire a creusé une cuvette profonde dans la roche, qui s'est remplie d'eau lors du retrait des glaces. Les géologues ont identifié des stries glaciaires sur les parois rocheuses environnantes, témoignant du passage des anciens glaciers qui ont sculpté ce paysage spectaculaire.
Un site hydroélectrique historique qui produit de l'énergie verte depuis 1921
En 1921, le lac d'Oô a été équipé d'une centrale hydroélectrique, faisant de lui l'un des premiers sites de production d'hydroélectricité dans les Pyrénées. Le barrage, d'une hauteur de 18 mètres, permet de réguler le niveau du lac et de produire en moyenne 20 millions de kilowattheures par an, soit l'équivalent de la consommation électrique de 4000 foyers.
L'installation hydroélectrique comprend un système sophistiqué de conduites forcées qui descendent sur plus de 800 mètres de dénivelé jusqu'à la centrale située dans la vallée. Ces infrastructures ont été conçues avec un souci particulier d'intégration paysagère, si bien qu'elles restent discrètes et ne perturbent pas l'harmonie naturelle du site.
La présence de cette centrale a nécessité la construction d'un refuge gardé en 1947, permettant aux techniciens de surveiller les installations même pendant l'hiver. Ce refuge, aujourd'hui ouvert aux randonneurs, peut accueillir jusqu'à 80 personnes et constitue une étape importante sur le GR10, célèbre sentier de grande randonnée traversant les Pyrénées.
Une biodiversité exceptionnelle avec 45 espèces protégées recensées autour du lac
Le lac d'Oô et ses environs abritent une biodiversité remarquable. Les biologistes ont recensé 45 espèces protégées, dont l'emblématique Isard des Pyrénées, le Grand Tétras et le Gypaète barbu. La flore n'est pas en reste avec la présence de nombreuses espèces endémiques comme l'Aster des Pyrénées et la Ramonde des Pyrénées, survivante de l'ère tertiaire.
Les eaux du lac hébergent également une population importante de truites fario, introduites au début du XXe siècle. La pêche y est réglementée et nécessite un permis spécial, mais elle attire de nombreux passionnés qui apprécient particulièrement la qualité exceptionnelle des eaux et la taille impressionnante des spécimens qu'on peut y trouver.
La zone autour du lac fait l'objet d'une protection environnementale stricte depuis 1995. Un programme de surveillance scientifique permet de suivre l'évolution des écosystèmes et d'adapter les mesures de protection en conséquence. Les études menées ont notamment permis de documenter l'impact du changement climatique sur cet environnement fragile, avec un recul significatif des névés permanents depuis 30 ans.