Cette étendue d'eau turquoise de 3000 hectares cache 3 villages engloutis depuis 60 ans

Le lac de Serre-Ponçon représente une prouesse technique et écologique exceptionnelle dans les Hautes-Alpes. Cette étendue d'eau turquoise de 3000 hectares constitue la plus grande retenue artificielle d'eau douce en France. Sa construction dans les années 1950 a nécessité le déplacement de plusieurs villages et la création d'un barrage de 123 mètres de haut. L'eau cristalline maintenue à une température constante de 12°C en fait un lieu prisé pour les activités nautiques et la baignade en été.
Un chantier titanesque de 600 millions de francs qui a englouti 1500 habitants
La création du lac de Serre-Ponçon entre 1955 et 1960 représente l'un des plus grands chantiers d'après-guerre en France. Le barrage de 123 mètres de haut et 650 mètres de long a nécessité plus de 14 millions de mètres cubes de remblais. Pour permettre sa construction, 1500 habitants ont dû être déplacés et trois villages entiers ont été submergés : Savines, Ubaye et Rousset. Le coût total du projet s'est élevé à 600 millions de francs de l'époque.
La construction a mobilisé plus de 3000 ouvriers pendant 5 ans. Des techniques innovantes pour l'époque ont été utilisées, notamment l'injection de béton sous pression dans la roche pour assurer l'étanchéité. Le barrage est équipé de six turbines produisant 700 millions de kWh par an, soit l'équivalent de la consommation annuelle d'une ville de 500 000 habitants.
La mise en eau du lac s'est déroulée progressivement entre 1959 et 1960. Il a fallu près de 8 mois pour que les 1,2 milliard de mètres cubes d'eau remplissent la vallée. Certains habitants ont pu observer leurs anciennes maisons disparaître peu à peu sous les eaux. Lors des périodes de sécheresse exceptionnelle, il arrive que les vestiges des villages engloutis réapparaissent brièvement.
Une réserve aquatique de 1,2 milliard de mètres cubes aux multiples usages
Le lac de Serre-Ponçon joue un rôle crucial dans la gestion des ressources en eau du Sud-Est de la France. Ses 1,2 milliard de mètres cubes permettent d'irriguer 150 000 hectares de terres agricoles en Provence. Le lac régule également le débit de la Durance et évite les crues dévastatrices qui marquaient autrefois la région. En période estivale, le niveau peut baisser de 30 mètres pour répondre aux besoins en irrigation.
La qualité exceptionnelle de l'eau, maintenue à 12°C même en été, s'explique par l'alimentation continue en eau de fonte des glaciers alpins. Cette fraîcheur naturelle attire chaque année plus de 1 million de visiteurs. Le lac compte 90 kilomètres de rives et plusieurs plages aménagées. Les sports nautiques s'y sont développés avec 8 bases nautiques proposant voile, paddle, kayak et ski nautique.
La biodiversité s'est remarquablement adaptée à cet écosystème artificiel. Le lac abrite aujourd'hui 15 espèces de poissons dont des truites, des perches et des brochets. Plus de 80 espèces d'oiseaux nichent sur ses rives, faisant du site un spot reconnu pour l'observation ornithologique. Les zones peu profondes accueillent une flore aquatique diversifiée avec 12 espèces de plantes protégées.
Un impact économique de 80 millions d'euros annuels pour le territoire
Le lac génère une activité touristique majeure avec 300 000 nuitées par an. Six campings, trois ports de plaisance et de nombreux restaurants et commerces se sont développés autour du plan d'eau. Les retombées économiques directes sont estimées à 80 millions d'euros par an. Le secteur touristique emploie plus de 1000 personnes en haute saison.
L'hydroélectricité produite représente un atout majeur avec des revenus annuels de 40 millions d'euros. Le barrage alimente 20% de la production électrique de la région PACA. En parallèle, l'irrigation agricole permise par le lac génère une valeur ajoutée de 30 millions d'euros par an pour l'agriculture provençale.