Cette forêt millénaire de 11 000 hectares cache le plus grand nombre de légendes arthuriennes par kilomètre carré en Europe

La forêt de Brocéliande s'étend sur 11 000 hectares au cœur de la Bretagne mystique, dans le département du Morbihan. Cette forêt millénaire, dernier vestige de l'antique forêt qui recouvrait jadis toute la Bretagne centrale, abrite en son sein les légendes arthuriennes les plus fascinantes. Les druides et les chevaliers de la Table Ronde ont laissé leur empreinte dans chaque recoin de ce territoire où la réalité se mêle au merveilleux, offrant aux visiteurs un véritable voyage dans le temps et l'imaginaire.

Une densité record de 56 sites légendaires par kilomètre carré dans cette forêt bretonne

La forêt de Brocéliande concentre un nombre exceptionnel de lieux mythiques sur son territoire. Le Val sans Retour, royaume de la fée Morgane, s'étend sur plus de 1000 hectares de vallées profondes où la végétation luxuriante dissimule des rochers aux formes étranges. La fontaine de Barenton, célèbre pour ses pouvoirs magiques, continue de fasciner les visiteurs avec son eau cristalline qui, selon la légende, déclenche des orages lorsqu'on en asperge la margelle de pierre.

L'arbre d'Or, vestige d'un incendie survenu en 1990, se dresse tel un gardien silencieux, ses branches recouvertes de feuilles d'or véritable. Le Val sans Retour abrite également le Miroir aux Fées, un étang mystérieux où selon les récits, les fées venaient se contempler les soirs de pleine lune. Le Rocher des Faux Amants, point culminant à 258 mètres d'altitude, offre une vue panoramique sur l'ensemble de la vallée.

Le Tombeau de Merlin, situé au cœur d'un chaos granitique vieux de 300 millions d'années, attire chaque année plus de 500 000 visiteurs. Les deux pierres dressées qui le composent sont le théâtre de nombreux rituels et offrandes contemporains. À quelques pas, la Fontaine de Jouvence, dont l'eau aurait des propriétés rajeunissantes, continue d'alimenter les espoirs des visiteurs en quête d'éternelle jeunesse.

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Un ecosystème unique abritant 150 espèces protégées sur 11 000 hectares

La forêt de Brocéliande n'est pas uniquement un lieu de légendes, elle constitue également un écosystème remarquable. Les botanistes y ont recensé plus de 1500 espèces végétales, dont 150 sont protégées au niveau national. Les landes de Gautro, qui s'étendent sur 175 hectares, abritent une biodiversité exceptionnelle avec notamment la présence de la drosera, une plante carnivore rare.

Les arbres remarquables constituent l'une des richesses de Brocéliande. Le chêne des Hindrés, âgé de plus de 1000 ans, présente une circonférence de 7 mètres. Les hêtres pourpres, plantés au XIXe siècle, forment des allées majestueuses dont certains spécimens atteignent 45 mètres de hauteur. La forêt compte également 367 sources et points d'eau, créant un réseau hydrographique complexe qui alimente de nombreuses espèces endémiques.

La faune de Brocéliande est tout aussi remarquable. Les scientifiques ont identifié 126 espèces d'oiseaux nicheurs, dont le rare pic mar. Les cerfs, réintroduits en 1970, constituent aujourd'hui une population stable de 200 individus. Les chiroptères sont particulièrement bien représentés avec 17 espèces de chauves-souris qui trouvent refuge dans les nombreuses cavités naturelles de la forêt.

2000 ans d'histoire gravés dans la pierre : des mégalithes aux chapelles médiévales

L'histoire de Brocéliande remonte à la préhistoire, comme en témoignent les 75 sites mégalithiques répertoriés. Le plus impressionnant, l'alignement du Jardin aux Moines, s'étend sur 65 mètres de long. Ces monuments de pierre, érigés il y a plus de 5000 ans, côtoient des vestiges gallo-romains, notamment une voie antique qui traversait la forêt d'est en ouest.

Le Moyen Âge a profondément marqué Brocéliande. Les moines de l'abbaye de Saint-Méen, fondée au VIe siècle, ont entrepris les premiers défrichements systématiques. La forêt compte 23 chapelles médiévales, dont la célèbre chapelle du Graal, construite au XIIe siècle. Les forges de Paimpont, actives du XVIe au XIXe siècle, ont laissé des traces visibles dans le paysage, notamment les étangs artificiels qui servaient à alimenter les hauts fourneaux.