Cette forteresse bretonne conserve 85% de sa maçonnerie d'origine et des mécanismes défensifs intacts

Fort La Latte, édifié sur un promontoire rocheux surplombant la Manche depuis plus de 700 ans, incarne la puissance défensive médiévale bretonne. Cette forteresse du XIVe siècle, autrefois appelée château de la Roche Goyon, domine les flots à 60 mètres au-dessus du niveau de la mer. Son architecture militaire unique et sa position stratégique en font l'une des principales attractions historiques des Côtes-d'Armor, attirant plus de 80 000 visiteurs chaque année. Les murailles épaisses de 3 mètres ont résisté aux assauts du temps, des hommes et des éléments, faisant de ce site un témoignage exceptionnel de l'architecture militaire médiévale.

Des systèmes défensifs révolutionnaires pour l'époque : 3 ponts-levis et une double enceinte infranchissable

L'ingéniosité défensive de Fort La Latte se manifeste à travers son système de protection complexe, unique en son genre au XIVe siècle. Les trois ponts-levis successifs, dont les mécanismes d'origine sont toujours visibles, constituaient une prouesse technique pour l'époque. Le premier pont-levis, long de 8 mètres, enjambe un fossé profond de 14 mètres creusé à même le roc. Cette première ligne de défense était renforcée par une herse pesant plus d'une tonne, actionnée par un système de contrepoids encore fonctionnel aujourd'hui.

La double enceinte fortifiée s'étend sur plus de 300 mètres de circonférence. Les murs d'enceinte extérieurs, hauts de 12 mètres, sont percés de meurtrières stratégiquement placées permettant aux archers de couvrir tous les angles d'approche. Les archéologues ont découvert que ces meurtrières étaient conçues selon un angle précis de 45 degrés, optimisant la portée des flèches tout en protégeant les défenseurs.

Un fait remarquable est la présence d'un système de collecte d'eau de pluie sophistiqué. Une citerne souterraine de 80 m³, taillée dans le granit, permettait de stocker suffisamment d'eau pour soutenir un siège de plusieurs mois. Cette citerne était alimentée par un réseau de gouttières en pierre qui parcourait l'ensemble des toitures, démontrant l'ingéniosité des bâtisseurs médiévaux.

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Un poste d'observation maritime stratégique depuis 700 ans avec une vue à 40 kilomètres

Le donjon principal, qui culmine à 35 mètres au-dessus du socle rocheux, servait de tour de guet permettant de surveiller la Manche sur un rayon de 40 kilomètres. Cette position stratégique permettait de repérer les navires ennemis plusieurs heures avant leur approche. Les documents historiques attestent que durant la guerre de Cent Ans, cette vigie a permis d'alerter la région de l'arrivée de nombreuses flottes anglaises.

La chambre de guet, située au sommet du donjon, conserve encore ses aménagements d'origine, notamment un système de communication par signaux lumineux permettant de transmettre des messages jusqu'au Cap Fréhel, distant de 5 kilomètres. Les gardiens se relayaient jour et nuit, assurant une surveillance continue des côtes bretonnes.

La forteresse abrite également une chapelle du XVe siècle, suspendue au-dessus du vide à 45 mètres de hauteur. Cette chapelle de 24 m², dédiée à Saint-Michel, était accessible uniquement par un pont-levis spécifique, aujourd'hui remplacé par une passerelle fixe. Les fresques murales, récemment restaurées, témoignent de la vie spirituelle des occupants du fort.

Un lieu de tournage prisé : 15 films internationaux en 50 ans

Depuis les années 1960, Fort La Latte est devenu un décor de cinéma recherché. Le premier film majeur tourné dans ses murs fut "Les Vikings" en 1958 avec Kirk Douglas, attirant l'attention internationale sur le site. La forteresse a depuis servi de toile de fond à plus de 15 productions cinématographiques, dont trois superproductions hollywoodiennes.

Les équipes de tournage ont particulièrement apprécié l'authenticité préservée du site. Les 85% de maçonnerie d'origine, les hourds en bois reconstitués et les machines de guerre médiévales exposées dans la cour offrent un cadre historique crédible. Le château conserve d'ailleurs plusieurs éléments de décors laissés par les productions, notamment une catapulte fonctionnelle construite pour un film historique en 1982.