Cette forteresse médiévale de 5000m² cache le plus grand musée d'opéra privé de France
Au cœur du Lot, le Château de Castelnau-Bretenoux incarne la rencontre inattendue entre l'architecture médiévale et l'art lyrique. Cette forteresse du XIIIe siècle, transformée en écrin culturel par le ténor Jean Mouliérat à la fin du XIXe siècle, témoigne d'une histoire singulière où se mêlent prouesses militaires et passion pour l'opéra. Sur son promontoire rocheux dominant la vallée de la Dordogne, le château aux pierres rouges caractéristiques du Quercy abrite une collection unique d'objets d'art et de souvenirs liés au monde de l'opéra.
Une forteresse médiévale de 5000m² qui résista à 7 sièges pendant la Guerre de Cent Ans
Édifié au XIIIe siècle par les barons de Castelnau, le château s'étend sur une superficie impressionnante de 5000m². Ses murailles, construites en grès rouge local, atteignent par endroits une hauteur de 30 mètres. La particularité architecturale du château réside dans son système défensif complexe, comprenant trois enceintes successives et sept tours de guet stratégiquement positionnées.
Les archives historiques révèlent que la forteresse a résisté à pas moins de sept sièges pendant la Guerre de Cent Ans, grâce notamment à son puits de 60 mètres de profondeur qui garantissait une autonomie en eau. La grande salle d'armes, d'une superficie de 200m², pouvait accueillir jusqu'à 400 hommes en armes. Un fait peu connu est que le château disposait d'un ingénieux système de chauffage par le sol, une rareté pour l'époque médiévale.
L'histoire militaire du château prend un tournant décisif en 1523 avec l'installation d'une des premières batteries d'artillerie du Quercy, composée de six canons positionnés sur la terrasse sud. Cette modernisation permit au château de maintenir son rôle stratégique jusqu'au XVIIe siècle.
De la ruine au renouveau : la métamorphose spectaculaire orchestrée par Jean Mouliérat en 1896
En 1896, alors que le château tombait en ruines depuis près d'un siècle, le célèbre ténor de l'Opéra-Comique Jean Mouliérat l'acquiert pour la somme de 18 000 francs-or. Passionné d'art et d'histoire, il consacre 25 ans de sa vie et l'équivalent de 15 millions d'euros actuels à la restauration complète de l'édifice.
Mouliérat transforme le château en un véritable musée dédié à l'art lyrique. Il aménage 45 pièces, dont un théâtre privé de 80 places dans l'ancienne chapelle castrale. La salle de musique, ornée de fresques représentant des scènes d'opéra, abrite encore aujourd'hui un piano Érard de 1880 ayant appartenu à Gounod.
Le ténor constitue une collection exceptionnelle de plus de 3000 objets, incluant des costumes de scène, des partitions originales et des instruments de musique rares. Parmi les pièces les plus remarquables figure la collection de 150 éventails ayant appartenu aux plus grandes cantatrices du XIXe siècle.
Un musée vivant qui abrite 3000 objets liés à l'histoire de l'opéra français
La collection Mouliérat comprend des pièces uniques comme le costume porté par le ténor lors de la 1000e représentation de "Carmen" à l'Opéra-Comique en 1904. Les visiteurs peuvent également admirer une collection de 200 affiches d'opéra datant de 1850 à 1914, ainsi que le plus grand ensemble de programmes de l'Opéra-Comique conservé en France.
Le mobilier du château, soigneusement choisi par Mouliérat, témoigne du raffinement de l'époque. On y trouve notamment 12 tapisseries d'Aubusson du XVIIIe siècle, 30 meubles Renaissance et une collection de 80 faïences de Moustiers. La bibliothèque musicale contient plus de 1500 partitions anciennes, dont certaines sont annotées par les plus grands compositeurs du XIXe siècle.
Chaque été, le château perpétue la tradition lyrique instaurée par Mouliérat en accueillant un festival d'opéra qui attire plus de 5000 spectateurs. Les concerts se déroulent dans la cour d'honneur, offrant une acoustique exceptionnelle grâce à la disposition en U des bâtiments.