Revue de l'impact de ChatGPT sur l'éducation : un assistant IA aux capacités étonnantes
Depuis son lancement fin 2022, ChatGPT, l'agent conversationnel développé par OpenAI, a fait une entrée fracassante dans le monde de l'éducation. Capable de générer des réponses cohérentes et informées dans de multiples domaines, cette IA interpelle autant qu'elle inquiète la communauté éducative. Entre fascination pour ses prouesses et crainte de voir l'intégrité académique menacée, les avis sont partagés. Une revue rapide de la littérature publiée dans les 3 mois suivant le lancement de ChatGPT apporte un éclairage sur ses capacités réelles, ses applications pédagogiques potentielles mais aussi les défis qu'il soulève. Au cœur des préoccupations, un constat s'impose : dans certaines matières comme l'économie, ChatGPT égale voire surpasse les étudiants aux examens. De quoi remettre en question les méthodes d'évaluation et les politiques académiques actuelles.
ChatGPT, un génie qui cache bien son jeu
Les études passées en revue révèlent des performances très variables de ChatGPT selon les disciplines. S'il excelle en réflexion critique, en économie ou en droit, avec des notes dignes d'un étudiant moyen voire supérieures, il pèche en mathématiques, en programmation ou en médecine, avec des réponses souvent incomplètes ou erronées. Mais globalement, les chercheurs s'accordent à dire que ChatGPT "cache bien son jeu", capable de produire des textes d'apparence très crédible, difficiles à détecter comme générés par une IA.
Économie et droit : l'IA au niveau des meilleurs étudiants
C'est en économie que ChatGPT impressionne le plus, dépassant le score moyen des étudiants aux examens à choix multiples. En droit aussi, il réussit haut la main les épreuves des facultés américaines. Des résultats qui interpellent sur la validité des QCM pour évaluer les connaissances dans ces matières.
Médecine : des résultats en demi-teinte
En revanche, dans le domaine médical, le bilan est plus mitigé. Si ChatGPT obtient des notes "correctes" aux examens de licence aux États-Unis, il échoue aux certifications en réanimation cardiaque. Les experts mettent en garde contre des réponses parfois inexactes ou incomplètes, pouvant induire en erreur les étudiants.
ChatGPT, un assistant pédagogique pas si bête
Au-delà de ses performances aux examens, de nombreux chercheurs voient en ChatGPT un outil prometteur pour assister les enseignants et les étudiants. L'IA peut aider à générer des supports de cours, suggérer des exercices, traduire des contenus, voire animer des travaux de groupe. Pour les étudiants, c'est un "tuteur virtuel" capable de répondre à leurs questions, résumer des informations complexes ou les guider dans leurs révisions. Des applications qui doivent cependant être encadrées pour éviter les dérives.
Quand l'IA facilite la triche et la désinformation
Car le revers de la médaille, c'est la propension de ChatGPT à être utilisé à mauvais escient. La revue souligne sa capacité à produire des textes "plagiables", indétectables par les outils anti-plagiat classiques. Il peut aussi véhiculer des informations biaisées ou erronées, voire carrément inventer des références bibliographiques. Autant de menaces pour l'intégrité académique et la qualité de l'information scientifique.
Un facteur alarmant : ChatGPT maîtrise l'art du plagiat invisible
L'étude de Bašić et al. (2023) jette une lumière crue sur l'impact de ChatGPT sur le comportement des étudiants. Ceux qui l'utilisent pour rédiger leurs devoirs sont plus enclins au plagiat que les autres, sans pour autant obtenir de meilleurs résultats. En cause, l'indétectabilité des textes générés par l'IA, qui passent entre les mailles des détecteurs de similitude comme Turnitin ou iThenticate. Seuls des outils basés eux-mêmes sur l'IA semblent capables de débusquer l'écriture artificielle, sans être totalement fiables. Cette "triche 2.0" pousse les enseignants à repenser en profondeur leurs méthodes d'évaluation.
Vers une refonte des examens
Plutôt que des questions factuelles, facilement résolues par ChatGPT, les chercheurs préconisent des évaluations basées sur la créativité, l'analyse critique, l'application des concepts à des cas concrets. L'idée est de se focaliser sur les niveaux supérieurs de la taxonomie de Bloom - application, analyse, création - plus difficiles à simuler par l'IA. Certains suggèrent aussi d'inclure des épreuves "débranchées", à l'oral ou sur papier, pour contrer la tentation de la triche technologique.
Étudiants et enseignants face à ChatGPT : des compétences à développer
Au-delà de la rénovation des examens, c'est toute la relation à l'IA dans l'éducation qui est à repenser. Les universités doivent urgemment mettre à jour leurs politiques d'intégrité académique et former leurs enseignants à détecter et gérer les cas de plagiat assisté par IA. Mais surtout, il faut éduquer les étudiants à un usage responsable et éthique de ces technologies. Leur apprendre à croiser les sources, vérifier les informations, citer correctement les contenus générés... Des compétences clés à l'ère de l'IA, pour en tirer le meilleur sans tomber dans ses pièges.
FAQ
ChatGPT est-il vraiment capable de réussir des examens universitaires ?
Oui, dans certaines matières comme l'économie ou le droit, ChatGPT a obtenu des notes supérieures à la moyenne des étudiants, en particulier aux examens à choix multiples. Mais ses performances varient selon les domaines et les types d'épreuves. Il reste perfectible sur les questions ouvertes nécessitant une analyse approfondie.
ChatGPT représente-t-il une menace pour l'intégrité académique ?
C'est l'une des grandes inquiétudes des enseignants. ChatGPT permet de générer facilement des textes plagiables, difficiles à détecter par les outils anti-plagiat classiques. Il peut aussi produire des informations erronées ou inventées, menaçant la qualité du savoir. Des garde-fous sont indispensables pour encadrer son usage par les étudiants.
Comment les universités peuvent-elles s'adapter à l'arrivée de ChatGPT ?
Plusieurs pistes sont à explorer : réformer les méthodes d'évaluation en privilégiant les tâches créatives et analytiques, former les enseignants à détecter le plagiat assisté par IA, mettre à jour les politiques d'intégrité académique, éduquer les étudiants à un usage responsable de ces outils... L'enjeu est d'intégrer intelligemment l'IA sans renoncer à la rigueur et l'éthique du savoir.
ChatGPT peut-il devenir un assistant pédagogique à part entière ?
De nombreux chercheurs y voient un outil prometteur pour enrichir les pratiques pédagogiques, en assistant les enseignants dans la création de supports de cours et d'évaluation, et en offrant aux étudiants un accompagnement personnalisé. Mais cela suppose d'en maîtriser les limites et les biais, et de toujours garder un contrôle humain sur les contenus générés. L'IA reste un outil au service de la pédagogie, pas une fin en soi.