Les compléments alimentaires "spécial bronzage" sont-ils vraiment efficaces et sans risque ?

À l'approche de l'été, les rayons des pharmacies et les réseaux sociaux se remplissent de compléments alimentaires "spécial bronzage", sensés préparer notre peau au soleil. Gélules d'antioxydants, bêta-carotène, actifs "photosensibilisants"... On nous promet une peau mieux protégée et un bronzage plus rapide. Mais qu'en est-il vraiment ? Le docteur Florence Brunet-Possenti, dermatologue, nous met en garde contre ces produits miracles. Interview.

Les compléments alimentaires ne préparent pas la peau au soleil

Selon la dermatologue, l'idée qu'on puisse "préparer sa peau" avant l'exposition au soleil est une illusion savamment entretenue par le marketing : "Ce sont des foutaises. On ne prépare pas sa peau au soleil, on a la peau qu'on a, c'est un héritage génétique." En effet, notre capacité à bronzer dépend du type de mélanine que l'on possède, un cocktail génétiquement déterminé :

  • L'eumélanine, de couleur brune ou noire, protège efficacement des UV.
  • La phéomélanine, de couleur claire et rousse, protège beaucoup moins bien et peut même devenir cancérigène sous l'effet du soleil.

"Si on a la peau très claire, on a beaucoup de phéomélanine donc on est mal protégés. Plus la peau est foncée, plus les mélanocytes produisent de la mélanine protectrice. Mais c'est programmé génétiquement, on ne peut pas le changer en prenant des gélules."

L'autobronzant ne protège pas non plus des UV

Autre astuce souvent mise en avant : appliquer de l'autobronzant pour foncer sa carnation avant de s'exposer. Un réflexe tentant mais trompeur, nous explique la spécialiste : "C'est juste une pigmentation de surface, comme une peinture qu'on mettrait sur la peau. Ça ne remplace absolument pas le rôle protecteur de la mélanine naturelle." Pire, en donnant l'illusion d'être déjà bronzé, ces produits poussent parfois à s'exposer plus longtemps ou sans protection. Un cocktail dangereux pour la peau.

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Les antioxydants ne suffisent pas à neutraliser les dégâts des UV

De nombreux compléments "solaires" misent aussi sur les vertus des antioxydants (vitamines, oligo-éléments...) pour neutraliser les effets délétères des UV. Un argument scientifiquement validé ? "C'est de la publicité mensongère", tranche la dermatologue. "C'est totalement illusoire de penser que prendre des antioxydants va nous protéger du stress oxydatif généré par le soleil au niveau cellulaire. Ça ne fonctionne pas du tout comme ça."

Des risques pour la santé, en particulier chez les fumeurs

Au-delà de leur inefficacité, certains compléments riches en antioxydants pourraient même avoir des effets néfastes. C'est le cas des gélules de bêta-carotène, comme le souligne le docteur Brunet-Possenti : "Des études solides montrent que les patients fumeurs ou ex-fumeurs qui prennent régulièrement du bêta-carotène majorent leur risque de cancer du poumon. Donc ce n'est pas juste de l'argent perdu, c'est potentiellement délétère !"

D'autres travaux ont montré un lien entre la consommation régulière d'antioxydants et le développement de cancers cutanés, notamment chez les femmes. "Même sur une période courte avant l'été, ces produits sont problématiques car ils donnent un faux sentiment de protection qui pousse à s'exposer plus que de raison", ajoute-t-elle.

Bien se protéger du soleil : les conseils de la dermatologue

Alors, quelles sont les bons réflexes à adopter pour un bronzage sans danger ? La dermatologue est formelle : "Il faut accepter la peau qu'on a et agir en conséquence. La meilleure protection est vestimentaire : chapeau, t-shirt, lunettes..." Ses autres recommandations :

  • Éviter de s'exposer entre 12h et 16h
  • Protéger encore plus les enfants et les nourrissons
  • Appliquer une crème solaire adaptée à son phototype, en quantité suffisante
  • Ne pas se fier à l'idée de "préparer" sa peau avec des gélules ou de l'autobronzant

Des conseils de bon sens à garder en tête à l'approche des beaux jours. Et si le bronzage uniforme reste votre quête ultime, tournez-vous plutôt vers les autobronzants nouvelle génération, bien plus sûrs et efficaces qu'un cocktail d'antioxydants !

Nos réponses à vos questions sur les compléments alimentaires "bronzage"

Que risque-t-on vraiment à prendre des gélules d'antioxydants quelques semaines avant l'été ?

À court terme, le risque principal est surtout de se croire protégé à tort et donc de s'exposer plus longtemps ou sans protection adéquate. Ce qui augmente le danger de coups de soleil et de dégâts cutanés. À long terme, une consommation régulière de compléments type bêta-carotène peut majorer les risques de cancer, en particulier chez les fumeurs. Mieux vaut donc s'en passer !

Existe-t-il des alternatives naturelles pour préparer sa peau ?

Certains aliments riches en antioxydants (tomates, carottes, poivrons...) ou en oméga-3 (poissons gras, huile de colza...) pourraient avoir un léger effet photo-protecteur de l'intérieur. Mais ça ne remplace en aucun cas la protection externe (crème solaire, vêtements...) ! Le meilleur réflexe reste d'avoir une exposition progressive et d'écouter les signes de sa peau pour ne pas la stresser.

Comment choisir sa protection solaire quand on a la peau claire ?

Le choix de l'indice (SPF) dépend de son phototype, c'est à dire de sa sensibilité au soleil. Si vous avez la peau très claire et que vous attrapez facilement des coups de soleil, optez pour un SPF50+ et renouvelez l'application toutes les 2h. Évitez les produits huileux qui font "frire" la peau et préférez une texture adaptée (crème, brume, stick...). Un dermatologue peut vous aider à déterminer votre phototype et vos besoins.