Des plongeurs tentent depuis 50 ans de percer le mystère de cette source

Au cœur de la Bourgogne-Franche-Comté, la ville de Tonnerre abrite l'une des sources les plus énigmatiques de France. La Fosse Dionne, avec ses eaux turquoise cristallines, défie depuis des siècles les tentatives d'exploration de ses profondeurs karstiques. Cette source mythique, transformée en lavoir circulaire au XVIIIe siècle, continue d'alimenter les légendes locales et d'intriguer les spéléologues du monde entier. Son débit impressionnant de 311 litres par seconde en fait l'une des résurgences les plus importantes de la région.

Une source mystérieuse qui déverse 311 litres d'eau turquoise par seconde depuis plus de 2000 ans

La Fosse Dionne fascine par son histoire millénaire qui remonte à l'époque gallo-romaine. Les analyses géologiques révèlent que cette résurgence karstique s'est formée il y a plus de 150 millions d'années, lors de la formation du Bassin parisien. Son nom provient de la déesse celte Divona, protectrice des sources sacrées, témoignant de l'importance spirituelle qu'accordaient les anciens à ce lieu.

Le mystère de ses profondeurs demeure intact malgré les nombreuses tentatives d'exploration. En 1974, deux plongeurs ont atteint la profondeur de 70 mètres avant d'être confrontés à un passage trop étroit. En 1996, une nouvelle exploration a permis d'atteindre 80 mètres, révélant un réseau de galeries sous-marines complexe. La dernière exploration majeure, menée en 2018, a cartographié plus de 370 mètres de galeries, tout en laissant encore de nombreuses zones inexplorées.

L'architecture actuelle de la source date de 1758, lorsque l'intendant de Bourgogne décida d'aménager un lavoir public. La structure circulaire en pierre, d'un diamètre de 8 mètres, est construite selon un style néoclassique caractéristique du XVIIIe siècle. Les colonnes doriques qui entourent le bassin créent une atmosphère théâtrale autour des eaux turquoise, dont la température constante de 11°C témoigne de leur origine profonde.

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Un lavoir historique de 1758 qui cache un réseau souterrain de 370 mètres

Le système hydraulique de la Fosse Dionne alimente la ville de Tonnerre depuis l'époque romaine. Son débit exceptionnel peut atteindre jusqu'à 3000 litres par seconde en période de crue, tandis qu'il maintient un minimum de 170 litres par seconde en étiage. Cette régularité en fait une source d'eau potable précieuse pour la région, alimentant encore aujourd'hui une partie du réseau d'eau municipal.

Les analyses hydrogéologiques ont démontré que l'eau de la Fosse Dionne provient d'un bassin versant de plus de 40 km². Les colorations effectuées ont révélé des connections avec des pertes situées jusqu'à 15 kilomètres de distance, confirmant l'existence d'un vaste réseau karstique souterrain. La qualité exceptionnelle de l'eau, filtrée naturellement par les calcaires jurassiques, présente une minéralisation particulière qui lui confère ses propriétés uniques.

Des légendes millénaires qui attirent plus de 100 000 visiteurs chaque année

Les légendes entourant la Fosse Dionne sont aussi profondes que ses eaux. Selon les récits locaux, un dragon vivrait dans ses profondeurs, gardien d'un trésor immergé. D'autres histoires parlent de passages secrets menant jusqu'au château de Tonnerre, situé à 500 mètres de là. Ces légendes, transmises de génération en génération, attirent chaque année plus de 100 000 visiteurs fascinés par le mystère des lieux.

La source a également joué un rôle crucial pendant la Seconde Guerre mondiale. Les résistants utilisaient le lavoir comme point de rendez-vous secret, profitant du bruit constant de l'eau pour couvrir leurs conversations. Des documents d'époque attestent que plusieurs messages et armes y furent cachés, dissimulés dans les recoins de la structure en pierre.

Aujourd'hui, la Fosse Dionne fait l'objet d'une protection particulière. Un périmètre de sécurité strict est établi autour du bassin versant pour préserver la qualité de l'eau. Les plongées sont strictement réglementées et nécessitent des autorisations spéciales, compte tenu des dangers que représentent les galeries souterraines. Seuls quelques spéléologues expérimentés ont le privilège d'explorer ces profondeurs mystérieuses.