Pression des réseaux, FOMO, compétition : les vacances sont-elles devenues le nouveau symbole de réussite ?
Vacances instagrammables, FOMO, pression : et si on lâchait (enfin) prise ?
Entre les photos idylliques qui déferlent sur les réseaux, les to-do lists de l'été parfait et le spectre du retour au bureau, les vacances sont devenues un véritable défi. Celui de profiter à fond, de se reposer, de vivre des expériences mémorables, tout en continuant de performer. La pression de réussir ses congés n'a jamais été aussi forte. Décryptage d'un phénomène de société qui en dit long sur notre rapport au temps libre.
Les vacances, nouveau symbole de réussite sociale ?
Plage paradisiaque, randonnées au coucher du soleil, apéros conviviaux... Sur Instagram ou TikTok, les vacances de rêve s'enchaînent tout l'été sur nos écrans. Suscitant une comparaison inévitable et une certaine pression, comme en témoigne Chloé, 28 ans : "En scrollant sur les réseaux, j'ai l'impression que tout le monde vit des vacances extraordinaires, sauf moi. Ça me stresse et ça me frustre."
Un sentiment renforcé par le phénomène "FOMO" (Fear Of Missing Out), cette peur constante de rater quelque chose. "Avant, les vacances étaient une parenthèse pour souffler. Aujourd'hui, avec les réseaux, on a le sentiment qu'il faut en faire toujours plus, visiter tous les spots cool, ne rien louper", analyse le sociologue Jean-Pierre Durand.
Un coup de boost à l'économie de l'expérience, mais à quel prix ? Cette course à l'"instagrammabilité" ne nous fait-elle pas parfois passer à côté de l'essentiel - se ressourcer, partager, explorer à son rythme ?
L'injonction du sans connexion et des "tracances"
Autre tendance qui s'impose : celle du "digital detox" pendant les vacances. Éteindre son smartphone pour profiter vraiment du moment présent, un art difficile à l'heure de l'hyperconnexion. "J'ai l'impression qu'il faut choisir entre vivre ses vacances et les immortaliser pour les réseaux. Les deux semblent incompatibles", regrette Thomas, 35 ans.
À l'opposé, le phénomène des "tracances", contraction de travail et vacances, brouille encore plus les pistes. Rester connecté à son job pour mieux déconnecter après, la promesse d'un combo gagnant ? "En réalité, mélanger boulot et détente crée souvent une sensation de ne jamais vraiment couper, de ne jamais être pleinement satisfait", nuance le psychologue du travail Éric Albert.
Alors, faut-il fuir la civilisation ou emmener son ordi sur la plage ? Sans doute ni l'un, ni l'autre. La clé : trouver son propre équilibre.
Retrouver du sens (et du fun !) dans ses congés
Face à ce constat, une envie émerge : celle de vacances plus légères, libérées du qu'en dira-t-on. Première étape, clarifier ses propres attentes : repos, dépaysement, moments de connexion, nouvelles expériences... À chacun ses priorités !
Aussi, plutôt que de documenter ses moindres faits et gestes, on peut choisir de capturer quelques souvenirs choisis, pour soi avant tout. De la sobriété numérique comme remède anti-pression.
Enfin, pourquoi ne pas profiter de la coupure estivale pour questionner notre rapport global au temps off ? En s'autorisant des petites pausestoute l'année, on réduit la pression des "vraies vacances". Méditation, digital detox le week-end, hobbies… Autant de moyens de s'évader sans attendre le grand départ.
Vous l'aurez compris : en vacances comme dans la vie, le plus important reste de cultiver ce qui nous fait vibrer, loin des diktats. Alors cet été, et si on lâchait (enfin) prise ?