Louis XIV en raffolait : Le légume royal qui pousse encore dans l'Aisne !
Dans les terres fertiles de l'Aisne, un légume d'exception continue de pousser, portant en lui plus de mille ans d'histoire française. Le haricot de Soissons, surnommé la "perle blanche" pour sa taille imposante et sa couleur immaculée, n'est pas seulement un aliment, c'est un véritable patrimoine vivant. Comment ce simple haricot est-il devenu un symbole de l'excellence gastronomique française et un trésor culinaire jalousement gardé ?
Un géant parmi les haricots : Les secrets de la "perle blanche"
Le haricot de Soissons se distingue d'abord par sa taille impressionnante. Mesurant jusqu'à 2 cm de long, il est l'un des plus grands haricots cultivés en France. Cette caractéristique unique lui confère une texture crémeuse et un goût délicat qui ont séduit les palais les plus exigeants à travers les siècles.
Jean-Michel Berho, président de la Confrérie du Haricot de Soissons, explique : "Notre haricot est unique au monde. Sa taille exceptionnelle et sa finesse en bouche en font un produit d'exception. C'est pour cela qu'on l'appelle la 'perle blanche' de la gastronomie française."
La culture du haricot de Soissons est un art en soi. Cultivé en rotation avec la betterave sucrière, il bénéficie des sols riches en calcaire de la région. Sa récolte, encore largement manuelle, contribue à préserver la qualité exceptionnelle de chaque grain.
De l'abbaye à la table royale : L'épopée millénaire d'un haricot
L'histoire du haricot de Soissons remonte au Moyen Âge. Selon la légende, il aurait été rapporté d'Orient par les Croisés et cultivé pour la première fois par les moines de l'abbaye Saint-Médard de Soissons au XIIe siècle. Rapidement, sa réputation dépassa les murs de l'abbaye pour atteindre la cour royale.
Louis XIV, le Roi Soleil, était un fervent amateur de ce haricot. Il l'aurait même fait cultiver dans les potagers de Versailles. Cette faveur royale contribua grandement à la renommée du haricot de Soissons, qui devint un mets de choix dans les banquets aristocratiques.
Dr. Marie Lefevre, historienne de la gastronomie à l'Université de Picardie, souligne : "Le haricot de Soissons est bien plus qu'un simple légume. C'est un témoin vivant de l'histoire de France, ayant traversé les siècles, les révolutions et les guerres. Sa persistance dans notre patrimoine culinaire est remarquable."
Un trésor culinaire en péril
Malgré son illustre passé, le haricot de Soissons fait face à des défis contemporains. La production annuelle, qui s'élevait à plusieurs centaines de tonnes au début du XXe siècle, est aujourd'hui réduite à environ 10 tonnes. Cette raréfaction en fait un produit prisé, vendu jusqu'à 15 euros le kilo sur les marchés parisiens.
Pour protéger ce patrimoine culinaire, une démarche de labellisation a été entreprise. Après sept ans d'efforts, le haricot de Soissons a obtenu en 2021 le label "Site Remarquable du Goût", une reconnaissance de son importance dans le patrimoine gastronomique français.
Pierre Durand, agriculteur et défenseur passionné du haricot de Soissons, explique : "Nous luttons pour préserver ce trésor. Chaque grain est précieux. Nous espérons obtenir prochainement une Indication Géographique Protégée (IGP) pour garantir l'authenticité et la qualité de notre haricot."
Le haricot de Soissons connaît un regain d'intérêt auprès des chefs étoilés et des amateurs de produits du terroir. Sa haute teneur en protéines (environ 20%) en fait également un aliment de choix pour les végétariens et les vegans en quête de protéines végétales de qualité.