Michel Blanc (Jean-Claude Dusse) est mort à 72 ans. Ces répliques cultes qui ont marqué le cinéma français

Michel Blanc : itinéraire d'un acteur hors du commun, des Bronzés aux César

Le cinéma français est en deuil. Michel Blanc, figure emblématique du grand écran et membre de la mythique troupe du Splendid, s'est éteint dans la nuit du 3 au 4 octobre 2024 à l'âge de 72 ans. Retour sur la carrière exceptionnelle de cet acteur caméléon qui a su conquérir le cœur des Français, des comédies potaches aux rôles dramatiques les plus exigeants.

Des débuts fulgurants avec le Splendid

Né en 1952 à Courbevoie, Michel Blanc fait ses premiers pas sur les planches au lycée Pasteur de Neuilly-sur-Seine. C'est là qu'il rencontre ses futurs acolytes du Splendid : Thierry Lhermitte, Christian Clavier, Gérard Jugnot, Josiane Balasko et Marie-Anne Chazel. Ensemble, ils vont révolutionner l'humour français des années 70-80.

Le succès est fulgurant avec la trilogie des Bronzés (1978, 1979, 2006) et Le père Noël est une ordure (1982). Michel Blanc y campe des personnages inoubliables, à commencer par le mythique Jean-Claude Dusse, loser magnifique et dragueur maladroit. Ses répliques cultes sont encore dans toutes les mémoires :

  • "Oui, je fais du yoga, ça me fait un bien fou. Je peux rester des heures comme ça sans bouger."
  • "Vous connaissez l'histoire du mec qui court après le bus ? Eh ben moi c'est pareil, sauf que je cours après une gonzesse !"
  • "Excuse-moi de te dire ça mon pauvre José, mais tu confonds un peu tout. Tu fais un amalgame entre la coquetterie et la classe. Tu es fou."

La consécration avec "Tenue de soirée"

Mais Michel Blanc ne se contente pas de faire rire. En 1986, il surprend tout le monde dans "Tenue de soirée" de Bertrand Blier. Son interprétation d'un homme découvrant son homosexualité lui vaut le Prix d'interprétation masculine au Festival de Cannes. Un tournant dans sa carrière qui lui ouvre les portes du cinéma d'auteur.

Vidéo du jour

L'acteur enchaîne alors les rôles marquants : "Monsieur Hire" de Patrice Leconte (1989), "Uranus" de Claude Berri (1990) ou encore "Grosse fatigue" (1994) qu'il réalise lui-même. Ce dernier film lui vaut le Prix du scénario à Cannes.

Un talent protéiforme reconnu par ses pairs

La carrière de Michel Blanc est jalonnée de récompenses qui témoignent de son talent exceptionnel :

  • 1986 : Prix d'interprétation masculine au Festival de Cannes pour "Tenue de soirée"
  • 1994 : Prix du scénario au Festival de Cannes pour "Grosse fatigue"
  • 2012 : César du meilleur acteur dans un second rôle pour "L'Exercice de l'État"

En 2019, l'acteur confiait au Figaro : "Je suis anxieux et impatient". Cette anxiété, il a su la canaliser pour livrer des performances mémorables, alternant avec brio comédies populaires et films d'auteur exigeants.

7 répliques cultes qui ont marqué le cinéma français

Au-delà de Jean-Claude Dusse, Michel Blanc a livré des répliques mémorables tout au long de sa carrière. En voici quelques-unes qui sont entrées dans la culture populaire :

  1. "Thérèse ! Thérèse ! C'est les Bohleurs !" (Le père Noël est une ordure, 1982)
  2. "Vous voulez un whisky ? - Juste un doigt. - Vous voulez pas un whisky d'abord ?" (Le père Noël est une ordure, 1982)
  3. "J'ai glissé chef !" (Marche à l'ombre, 1984)
  4. "C'est clair, c'est net, c'est limpide !" (Les Bronzés font du ski, 1979)
  5. "Putain, 15 ans de métier !" (Grosse fatigue, 1994)
  6. "Je ne suis pas un héros, je suis juste un type normal qui essaie de faire son boulot." (L'Exercice de l'État, 2011)
  7. "La vie, c'est comme une boîte de chocolats, on ne sait jamais sur quoi on va tomber." (Embrassez qui vous voudrez, 2002)

Un héritage cinématographique exceptionnel

Michel Blanc laisse derrière lui une filmographie riche de plus de 80 films. Son dernier rôle dans "Les Petites Victoires" (2023) de Mélanie Auffret, où il incarne un sexagénaire bougon apprenant à lire et à écrire, témoigne de sa capacité à se réinventer jusqu'au bout.

L'acteur aura marqué plusieurs générations de spectateurs, du rire potache des Bronzés à l'émotion subtile de ses rôles plus dramatiques. Son talent protéiforme, sa sensibilité à fleur de peau et son sens aigu de l'autodérision en ont fait un artiste unique dans le paysage cinématographique français.

L'hommage de ses pairs

À l'annonce de sa disparition, les hommages se sont multipliés. Gérard Jugnot, son complice de toujours, a posté un message poignant sur Instagram : "Putain Michel... Qu'est-ce que tu nous as fait..."

Christian Clavier a salué "un immense acteur, un auteur, un metteur en scène de talent". Josiane Balasko a évoqué "un ami de toujours, un frère de cinéma".

Le monde du cinéma perd l'un de ses plus grands talents, mais l'œuvre de Michel Blanc continuera longtemps de faire rire et d'émouvoir les spectateurs. Comme il le disait si bien dans "Les Bronzés font du ski" : "La neige, ça conserve". Son talent, lui, restera éternel.