Par temps clair, ce village offre une vue jusqu'à 100 km en mer

Accroché aux falaises de la Côte d'Azur à 429 mètres d'altitude, ce village médiéval des Alpes-Maritimes offre l'un des plus spectaculaires points de vue sur la Méditerranée. Son jardin exotique, véritable prouesse architecturale, s'étend sur plus de 3000 m² à flanc de falaise et abrite près de 400 espèces de plantes succulentes. Cet ancien fief des Savoyards puis des Grimaldi a conservé ses ruelles tortueuses pavées et ses maisons en pierre qui témoignent de 4000 ans d'histoire.
Un jardin botanique suspendu entre ciel et mer depuis 1949
Le jardin exotique constitue l'une des attractions majeures du village. Créé en 1949 par Jean Gastaud, ce paradis botanique de 3000 m² s'accroche littéralement à la falaise calcaire. Les visiteurs y découvrent une collection exceptionnelle de 400 espèces de plantes succulentes, xerophytes et méditerranéennes, adaptées au climat sec et ensoleillé de la région. Le jardin abrite notamment des spécimens rares d'agaves centenaires et de cactus géants pouvant atteindre jusqu'à 4 mètres de hauteur.
L'aménagement du jardin représente un exploit technique remarquable. Les jardiniers ont dû créer des terrasses successives dans la roche, consolidées par 1500 mètres linéaires de murs en pierre sèche. Un réseau complexe d'irrigation, dissimulé dans la roche, permet d'alimenter en eau les différentes zones du jardin. Les travaux initiaux ont nécessité plus de 2 ans d'efforts et la manipulation de 80 tonnes de terre végétale acheminée à dos d'homme.
Du haut de ses terrasses culminant à 429 mètres d'altitude, le jardin offre une vue panoramique à 360 degrés sur le littoral méditerranéen. Par temps clair, le regard porte jusqu'à 100 kilomètres, permettant d'apercevoir la Corse. Les statues de terre cuite qui ponctuent le parcours sont l'œuvre de Jean-Philippe Richard, ajoutant une dimension artistique à ce lieu déjà extraordinaire.
4000 ans d'histoire gravés dans la pierre depuis l'âge du fer
Les premières traces d'occupation humaine remontent à 2000 ans avant J.-C., à l'âge du fer. La position stratégique du site, offrant une vue imprenable sur la mer et les terres environnantes, en fit rapidement un lieu fortifié. Les Phocéens, les Ligures puis les Romains s'y établirent successivement, laissant chacun leur empreinte dans l'architecture et l'organisation du village.
Au Moyen Âge, le village passa sous le contrôle des comtes de Provence, puis de la Maison de Savoie. Les remparts actuels, dont certaines sections datent du XIVe siècle, témoignent de cette période troublée. Le village compte encore 14 tours de guet et trois portes fortifiées qui permettaient de contrôler l'accès au bourg. La plus ancienne, la Porte des Maures, date de 1306.
Le tissu urbain médiéval reste parfaitement préservé, avec ses ruelles étroites disposées en cercles concentriques autour du château. Ces voies, dont la largeur varie de 1 à 3 mètres, sont pavées de galets de rivière selon une technique ancestrale. Plus de 100 maisons d'époque médiévale subsistent, certaines conservant leurs voûtes en berceau et leurs fenêtres à meneaux d'origine.
Une architecture verticale unique adaptée à la topographie escarpée
L'urbanisme du village reflète une adaptation remarquable à la topographie escarpée. Les habitations, construites à même la roche, s'élèvent sur 3 à 4 niveaux, utilisant chaque centimètre d'espace disponible. Les escaliers extérieurs, les passages voûtés et les arches de soutènement créent un dédale vertical unique qui s'étage sur plus de 100 mètres de dénivelé.
Les matériaux de construction traditionnels - pierre calcaire locale, tuiles romaines et enduits à la chaux - contribuent à l'harmonie visuelle de l'ensemble. Les façades, dont certaines datent du XVe siècle, présentent des variations subtiles de couleur allant de l'ocre au beige rosé. Les techniques de construction ancestrales ont été scrupuleusement préservées lors des restaurations, notamment l'utilisation de mortier à la chaux et de sable local.
Le village compte 12 fontaines historiques, dont la plus ancienne date de 1573. Ces points d'eau, autrefois vitaux pour la communauté, sont alimentés par un aqueduc souterrain de 2 kilomètres de long qui capte les sources de la colline. Le système hydraulique d'origine, remarquablement conçu, continue de fonctionner après plus de quatre siècles d'utilisation.