Marre d'être pauvre ? La richesse est à seulement quelques kilomètres de la France....
Intro : Ras le bol de lutter pour joindre les deux bouts ? Et si la clé de la prospérité résidait finalement à quelques kilomètres de chez vous, juste de l'autre côté d'une frontière ? De plus en plus de Français l'ont bien compris : pour quitter les affres de la précarité, mieux vaut opter pour le salut par le travail... frontalier !
Eldorados voisins : des écarts de richesse abyssaux
Des poches entières de l'Hexagone se sont soudainement enrichies ces dernières années, faisant fi des statistiques nationales. L'explication réside dans un exode massif de nos compatriotes vers les terres promises voisines. Bienvenue dans les nouveaux territoires de la réussite tricolore !
Le Produit Intérieur Brut (PIB) par habitant suisse atteint 78 291 €, presque deux fois et demi supérieur à celui de la France métropolitaine (31 013€). Un décalage vertigineux également observable dans les rémunérations privées : 80 000€ bruts de salaire médian annuel en Suisse, contre seulement 27 240€ dans l'Hexagone.
Même constat au Luxembourg, où le salaire médian dépasse de 94% son niveau français. Et jusqu'en Allemagne, où les rémunérations moyennes sont 45% plus élevées que chez nous.
Départements frontaliers : la nouvelle terre promise
Ces différences abyssales font basculer de nombreux Français dans une autre strate de la réussite, à chaque traversée matinale de la frontière.
La Suisse, pompe à redistribuer la prospérité
Dans l'Est, les habitants de la Haute-Savoie sont devenus le second département le plus riche de France, principalement grâce aux navetteurs travaillant à Genève. Même trajectoire fulgurante pour l'Ain, avec un niveau de vie médian bondissant de 10% en 5 ans.
Le Haut-Rhin intègre désormais le top 10 des territoires aisés, tiré par les hauts salaires de la région bâloise. "Ces quelques kilomètres franchis chaque jour changent totalement la donne", analyse Corinne Maillard, spécialiste des dynamiques frontalières.
Flambée de la richesse près du Luxembourg aussi
Mais le Luxembourg exerce une attraction tout aussi forte pour les travailleurs frontaliers français. Dans la Moselle et la Meurthe-et-Moselle, on assiste à un rapide enrichissement des populations locales travaillant de l'autre côté de la frontière.
"Nous accueillons de véritables bataillons de nouveaux arrivants français, attirés par les niveaux de vie supérieurs du Grand-Duché", confirme René Chiodetti, agent immobilier dans les villes frontalières comme Longwy ou Villerupt.
L'Allemagne plus aisée aussi mais dans une moindre mesure
Même au-delà du Rhin et du voisinage immédiat de la Suisse, le travail frontalier fait grimper les niveaux de vie. Ainsi, les habitants du Bas-Rhin ou de la Moselle employés en Allemagne disposent de bien meilleures rémunérations que dans l'Hexagone.
"Les inégalités sont devenues criantes pour ceux restés de ce côté-ci de la frontière. Un phénomène propice aux tensions sociales", prévient Thomas Senichen, syndicaliste à l'origine d'une étude sur le sujet.
Nouveaux riches sur l'ancien territoire
Dans la foulée, ces poches de prospérité mutent à toute vitesse sous l'afflux de ces "nouveaux riches" frontaliers français.
Vagues d'immigration.... française !
À Thonon, Ferney-Voltaire, Saint-Louis ou Annemasse, ce sont désormais des contingents entiers de Français de l'intérieur qui s'installent, attirés par les salaires suisses d'une partie croissante des locaux.
"Nos villages se remplissent d'une nouvelle bourgeoisie hexagonale, poussée dehors par la précarité intérieure", décrit l'agent immobilier René Chiodetti.
Un mouvement d'immigration qui fait parfois grincer des dents la population locale historique. "On devient les nouveaux prolos de ces villes où on est pourtant nés", regrette Magalie Gomes, Annécienne de longue date.
Témoignage : "Notre niveau de vie a triplé !"
Maxime et Julie font partie de ces impatriés de fraîche date. Lui était responsable marketing dans le Nord, elle chargée de clientèle à Lyon: un bon niveau de qualification mais des fins de mois compliquées.
Jusqu'à ce que Maxime décroche un poste cadre à Genève, avec un salaire passant de 55 000 à 102 000€ annuels. "Notre niveau de vie a littéralement triplé en quelques kilomètres ! Je ne pensais jamais accéder à ce genre d'opulence", s'émerveille le couple, installé dans la proche banlieue française.
Nouvelle cible des banquiers privés
Un afflux d'épargne soudaine qui n'a pas échappé aux gestionnaires de patrimoine. "J'observe une ruée de ces nouveaux riches, avec de fortes liquidités à faire fructifier", constate Jean-Victor Bassi, installé à Annemasse pour capter ces frontaliers aisés.
Le piège de la prospérité à deux vitesses
Loin d'être un cas isolé, ce front de prospérité s'étend de proche en proche dans les confins français. Comme dans les Pyrénées-Atlantiques, tirées par le dynamisme économique du Nord de l'Espagne.
"C'est un phénomène totalement pervers : la prospérité se concentre sur une mince bande frontalière, se dérobant à l'intérieur du pays", déplore Thomas Senichen.
À l'avenir, les écarts risquent même de s'amplifier vu les dynamiques de salaires : jusqu'à +3,8% au Luxembourg dans les 2 ans contre 1% en France. De quoi accroître le chassé-croisé et les amertumes.
Conclusion : Un remède simple pour s'extraire de la précarité ? Devenir frontalier ! Un conseil désormais audible pour de nombreux Français, désireux de troquer leur niveau de vie contre une nouvelle opulence, au prix d'une fragmentation territoriale croissante. Un défi de plus pour l'unité nationale.