Protéines d'Algues : La Nouvelle Pépite Nutritionnelle Venue des Océans ?
Savez-vous que certaines algues contiennent autant, voire plus de protéines que la viande ou les œufs ? Avec la croissance démographique et les limites de l'agriculture traditionnelle, ces "végétaux" marins pourraient devenir une source alternative précieuse de protéines pour nourrir l'humanité et le bétail. De plus en plus d'études révèlent en effet les multiples atouts nutritionnels des protéines d'algues. Cependant, leur extraction et leur production à une échelle industrielle restent un défi. Zoom sur cette ressource prometteuse mais encore largement sous-exploitée.
Algues : Des "Super-Protéines" de Haute Valeur Nutritive
Certaines espèces de macro-algues (comme l'algue rouge Palmaria palmata) et de micro-algues (comme la Spiruline) peuvent contenir de 30 à 50% de protéines (par rapport à leur poids sec), soit des teneurs comparables ou supérieures aux protéines animales comme le bœuf ou le poisson. De plus, ces protéines algales ont une excellente valeur nutritive :
- Elles contiennent tous les acides aminés essentiels, avec des profils comparables aux protéines de référence comme l'œuf.
- Elles sont très digestibles (de 70 à 90%) quand les parois cellulaires sont bien brisées.
- Elles renferment des peptides bioactifs aux propriétés anti-hypertensives, antioxydantes, anti-inflammatoires, anti-cancéreuses...
L'intérêt des protéines algales ne se limite pas à la nutrition humaine. Incorporées dans l'alimentation animale, elles améliorent les performances, la qualité des produits (viande, œufs, lait...) et la santé du bétail. Riches en pigments et antioxydants, elles apportent aussi une belle coloration aux poissons et crustacés d'élevage.
Des Techniques d'Extraction Encore Trop Coûteuses
Malgré tous ces atouts, les protéines d'algues restent peu exploitées, essentiellement à cause des difficultés à les extraire. En effet, les cellules d'algues possèdent une paroi épaisse et riche en polysaccharides qui "emprisonne" les protéines. Les techniques classiques d'extraction (broyage, enzymes, solvants...) sont trop coûteuses et dénaturent souvent les protéines.
De nouvelles méthodes physiques émergent comme les ultrasons, les champs électriques pulsés ou les fluides supercritiques, plus efficaces et respectueuses. Mais elles sont encore au stade expérimental. Une autre stratégie prometteuse est la filtration membranaire, déjà utilisée pour les protéines de lait. Mais elle doit être adaptée aux spécificités des algues.
Contrôler aussi la Variabilité et la Sécurité des Protéines Algales
Outre l'extraction, deux autres défis compliquent la production à grande échelle de protéines d'algues :
- Leur grande variabilité (20 à 50% de protéines) selon les espèces, les saisons, les conditions de culture...
- Leur possible contamination par des toxines ou métaux lourds si les algues sont mal contrôlées.
Pour garantir la sûreté et la qualité nutritionnelle constante des protéines algales, il faudra mettre au point des systèmes de traçabilité et de contrôle rigoureux tout au long de la chaîne de production. Le recours aux algues d'aquaculture plutôt que sauvages sera sans doute nécessaire.
Vers une Bioraffinerie Intégrée et Durable des Algues ?
Le véritable avenir des protéines d'algues passera par le développement d'une filière intégrée valorisant l'ensemble des composés des algues (protéines mais aussi lipides, polysaccharides, pigments...) à la manière d'une "bioraffinerie".
Cela suppose de concevoir de nouveaux procédés d'extraction et de fractionnement plus sélectifs, combinant par exemple hydrolyse enzymatique et séparation membranaire. L'enjeu est de taille, mais les micro-algues produites en bassins ont ici un grand atout : leur culture est indépendante des terres arables et d'eau douce, ressources qui se raréfient.
En attendant ces développements, certaines protéines d'algues comme la spiruline ou la Rubisco sont déjà commercialisées comme compléments alimentaires ou ingrédients. Un marché de niche appelé à un fort développement dans les années à venir !