Sur 49 km², cette île atlantique cultive la pomme de terre la plus chère du monde

L'île de Noirmoutier constitue un territoire unique au large de la Vendée, relié au continent par un pont emblématique de 583 mètres construit en 1971. Cette terre de 49 km² entourée par l'océan Atlantique abrite l'un des plus grands marais salants de France, avec plus de 500 hectares de bassins en exploitation. Les traditions ancestrales de la saliculture s'y perpétuent depuis plus de 1000 ans, faisant de cette île un conservatoire vivant des savoir-faire artisanaux.
Les marais salants : 3000 tonnes de sel récoltées chaque année par 130 sauniers
Les marais salants de Noirmoutier s'étendent sur une superficie impressionnante de 500 hectares. Ces bassins, façonnés par l'homme depuis le Moyen Âge, produisent aujourd'hui environ 3000 tonnes de sel par an. La récolte s'effectue encore de manière traditionnelle par 130 sauniers qui perpétuent des gestes millénaires. Le sel est récolté à la main à l'aide d'un outil spécifique appelé "las", une sorte de grand râteau en bois.
L'organisation des marais salants suit une architecture précise et complexe. L'eau de mer circule dans un réseau de canaux et de bassins interconnectés sur plus de 250 kilomètres. Le circuit commence par les vasières, où l'eau de mer est stockée, puis passe par les cobiers et les fares avant d'atteindre l'œillet, bassin final où cristallise le sel. Cette circulation peut prendre jusqu'à 15 jours avant que l'eau n'atteigne la salinité optimale de 280 grammes par litre.
La fleur de sel, produit d'exception, ne représente que 3% de la production totale. Cette fine pellicule qui se forme à la surface de l'eau est récoltée chaque soir durant la saison estivale. Les conditions météorologiques doivent être parfaites : soleil, vent léger et absence de pluie. Un saunier ne peut récolter que 2 à 3 kilos de fleur de sel par jour, expliquant son prix élevé sur le marché.
Un pont emblématique de 583 mètres qui a révolutionné l'accès à l'île en 1971
Le pont de Noirmoutier, inauguré en 1971, a profondément transformé la vie insulaire. Long de 583 mètres, il permet de relier l'île au continent en seulement quelques minutes. Sa construction a nécessité 3 ans de travaux et l'utilisation de 12 500 tonnes d'acier. La structure s'élève à 33 mètres au-dessus du niveau de la mer pour permettre le passage des bateaux de pêche.
Avant la construction du pont, l'accès à l'île se faisait uniquement par le passage du Gois, une route submersible de 4,2 kilomètres praticable uniquement à marée basse. Cette chaussée unique au monde est encore utilisable aujourd'hui, offrant aux visiteurs une expérience insolite. Le passage n'est possible que pendant 1h30 avant et après la marée basse, soit environ 6 heures par jour.
Le pont a considérablement développé le tourisme sur l'île. De 80 000 visiteurs annuels dans les années 1960, Noirmoutier accueille aujourd'hui plus de 400 000 touristes chaque été. Cette affluence a nécessité la mise en place d'infrastructures adaptées : 15 000 lits touristiques sont désormais disponibles sur l'île, répartis entre hôtels, campings et locations saisonnières.
Une biodiversité exceptionnelle préservée sur 49 km² entre terre et mer
L'île de Noirmoutier abrite une biodiversité remarquable. Les marais salants constituent un écosystème unique où vivent plus de 120 espèces d'oiseaux migrateurs. Les avocettes élégantes, les échasses blanches et les aigrettes garzettes trouvent refuge dans ces zones humides qui s'étendent sur près d'un tiers de la superficie de l'île.
La production agricole emblématique de l'île est la pomme de terre primeur. Les sols sablonneux, enrichis par le goémon (algues marines), permettent de cultiver 12 000 tonnes de ce tubercule par an. La bonnotte de Noirmoutier, variété la plus réputée, n'est cultivée que sur 100 hectares pour une production annuelle limitée à 150 tonnes.
Les forêts de chênes verts couvrent 300 hectares de l'île, principalement dans le Bois de la Chaise. Ces arbres centenaires, adaptés au climat océanique, protègent l'île des vents dominants depuis plus de 400 ans. Certains spécimens atteignent 15 mètres de hauteur malgré les conditions climatiques difficiles.