300 habitants vivaient dans ce village d'altitude au 19e siècle, ils ne sont plus que 42

Le massif de l'Aigoual recèle en son cœur un village unique qui incarne la quintessence des Cévennes sauvages. À 1100 mètres d'altitude, Fraissinet-de-Fourques témoigne d'une authenticité préservée au fil des siècles, là où les chemins de randonnée serpentent entre forêts denses et vastes plateaux calcaires. Cette commune de 42 habitants offre l'un des plus beaux belvédères naturels sur les reliefs cévenols, avec des panoramas s'étendant jusqu'aux contreforts du Mont Lozère.
Un territoire sauvage de 2800 hectares où les randonneurs côtoient les rapaces
Fraissinet-de-Fourques s'étend sur un vaste territoire de 2800 hectares, dont plus de 70% sont recouverts de forêts ancestrales. Les hêtraies centenaires dominent le paysage, abritant une biodiversité exceptionnelle avec plus de 80 espèces d'oiseaux recensées, dont l'aigle royal qui niche dans les falaises environnantes. Les botanistes ont identifié plus de 400 espèces végétales sur ce territoire préservé, dont certaines endémiques comme la Saxifrage des Cévennes.
Le village est traversé par un réseau de 45 kilomètres de sentiers balisés, dont certains suivent d'anciennes drailles, ces chemins ancestraux empruntés par les bergers lors de la transhumance. Le GR 66, qui relie le Mont Aigoual au Mont Lozère, offre des points de vue spectaculaires sur les vallées cévenoles. En hiver, ces sentiers se transforment en itinéraires de ski de fond, permettant de découvrir des paysages givrés d'une rare beauté.
L'isolement géographique a préservé l'authenticité du village. Les maisons en pierre de schiste, certaines datant du 16e siècle, témoignent d'une architecture vernaculaire remarquable. Les toits en lauze, typiques de la région, supportent des charges pouvant atteindre 500 kg par mètre carré, nécessaires pour résister aux vents violents qui peuvent souffler jusqu'à 200 km/h sur les crêtes en hiver.
Un microclimat exceptionnel où se rencontrent influences méditerranéennes et montagnardes
La situation géographique particulière de Fraissinet-de-Fourques crée un microclimat unique. Le village reçoit en moyenne 2000 mm de précipitations annuelles, faisant de cette zone l'une des plus arrosées de France. Cette abondance d'eau a façonné le paysage, créant un réseau de sources et de ruisseaux qui alimentent la Jonte, rivière emblématique des Gorges de la Jonte.
Les variations de température sont spectaculaires, avec des écarts pouvant atteindre 40°C entre l'hiver et l'été. Les hivers rigoureux voient le mercure descendre régulièrement sous les -15°C, tandis que les étés offrent une fraîcheur appréciée, avec des températures dépassant rarement les 25°C. Cette amplitude thermique favorise une biodiversité exceptionnelle, où cohabitent espèces méditerranéennes et alpines.
Un patrimoine historique méconnu datant du Moyen Âge
L'histoire de Fraissinet-de-Fourques remonte au 12e siècle, comme en témoignent les vestiges d'une tour de guet médiévale qui dominait autrefois le village. Cette tour faisait partie d'un réseau de surveillance établi par les seigneurs des Cévennes pour contrôler les voies de communication entre le Languedoc et le Gévaudan.
Le village conserve également les traces de son passé protestant. Le temple, construit en 1820, rappelle l'importance du protestantisme dans les Cévennes. La communauté protestante locale a joué un rôle actif pendant la guerre des Camisards (1702-1704), utilisant les nombreuses grottes environnantes comme refuges.
Les Archives départementales de la Lozère conservent des documents attestant que le village comptait 300 habitants au 19e siècle, vivant principalement de l'élevage ovin et de l'exploitation forestière. Les bergers pratiquaient la transhumance, conduisant leurs troupeaux jusqu'aux pâturages d'altitude du Mont Aigoual pendant l'été.