35 sites préhistoriques découverts dans cet amphithéâtre naturel vieux de 50 millions d'années
Crédit Photo : Depositphotos Le Cirque de Troumouse, formations géologiques spectaculaires des Hautes-Pyrénées, dévoile un amphithéâtre naturel de 4 kilomètres de diamètre façonné par les glaciers il y a plus de 50 millions d'années. Ce site grandiose culmine à 3 133 mètres d'altitude et présente des falaises vertigineuses s'élevant jusqu'à 1 000 mètres de hauteur. Accessible par la plus haute route goudronnée des Pyrénées françaises à 2 100 mètres d'altitude, ce site classé au patrimoine mondial de l'UNESCO offre un panorama à 360° sur plus de trente sommets dépassant les 3 000 mètres.
Un amphithéâtre naturel de 11 kilomètres de circonférence où paissent plus de 1000 brebis chaque été
Le Cirque de Troumouse étonne par ses dimensions colossales : 4 kilomètres de diamètre et 11 kilomètres de circonférence en font le plus vaste cirque glaciaire des Pyrénées. Cette immensité permet d'accueillir chaque été plus de 1000 brebis qui paissent dans les prairies d'altitude, perpétuant une tradition pastorale millénaire. Les bergers occupent encore aujourd'hui les cabanes traditionnelles en pierre sèche, dont certaines datent du XVIIIe siècle.
La géologie du site révèle une histoire fascinante vieille de 50 millions d'années. Les roches calcaires et schisteuses témoignent des mouvements tectoniques qui ont formé les Pyrénées. Les glaciers, dont l'épaisseur atteignait jadis 600 mètres, ont sculpté patiemment ces parois abruptes. Des traces de leur passage sont encore visibles aujourd'hui : roches moutonnées, stries glaciaires et moraines racontent cette histoire glaciaire.
La faune et la flore du cirque présentent une diversité remarquable. Plus de 150 espèces de plantes alpines s'épanouissent dans ce site préservé, dont certaines endémiques comme l'Aster des Pyrénées. Les botanistes ont recensé 25 espèces d'orchidées sauvages. Le cirque abrite également une faune montagnarde exceptionnelle : 45 couples d'aigles royaux nichent dans les falaises, tandis que marmottes, isards et bouquetins peuplent les versants.
Des falaises vertigineuses de 1000 mètres abritant le plus grand glacier des Pyrénées françaises
Les parois verticales du Cirque de Troumouse impressionnent par leur hauteur atteignant 1000 mètres. Ces murailles naturelles abritent le glacier de la Munia, le plus important des Pyrénées françaises avec une superficie de 8 hectares. Bien que sa taille ait diminué de 40% depuis 1850 en raison du réchauffement climatique, il reste un témoin majeur de l'ère glaciaire. Les scientifiques estiment sa disparition complète d'ici 2050 si les tendances actuelles se maintiennent.
Le site offre un terrain d'exploration exceptionnel pour les géologues. Les couches sédimentaires visibles dans les falaises permettent de lire 200 millions d'années d'histoire de la Terre. Des fossiles marins découverts à 2500 mètres d'altitude prouvent que ces roches se sont formées au fond d'un océan disparu. Les plissements spectaculaires des strates racontent la violence de la collision entre les plaques ibérique et européenne.
L'hydrologie du cirque est tout aussi remarquable. Plus de 15 cascades, alimentées par la fonte des neiges et du glacier, dévalent les parois. Le gave de Troumouse, qui prend sa source dans le cirque, parcourt 8 kilomètres avant de rejoindre le gave de Gavarnie. Les études hydrogéologiques ont révélé l'existence d'un important réseau karstique souterrain, avec plus de 12 kilomètres de galeries explorées à ce jour.
Une histoire humaine millénaire révélée par 35 sites archéologiques
Les recherches archéologiques ont mis au jour 35 sites préhistoriques dans le cirque et ses environs immédiats. Les plus anciennes traces d'occupation humaine remontent à 4500 ans avant notre ère. Des outils en silex, des céramiques et des vestiges de foyers témoignent de la présence de chasseurs-cueilleurs qui fréquentaient déjà ces hauteurs. Les archéologues ont également découvert des gravures rupestres datant de l'âge du Bronze, représentant des scènes de chasse et des symboles solaires.
Au Moyen Âge, le cirque était un lieu de passage important entre la France et l'Espagne. Les documents historiques mentionnent l'existence d'une voie commerciale empruntée par les marchands et les pèlerins. Des fouilles ont permis de retrouver des pièces de monnaie datant du XIIe siècle, ainsi que des objets attestant des échanges commerciaux transfrontaliers.
L'exploitation minière a également marqué l'histoire du site. Entre 1850 et 1920, trois mines de plomb argentifère étaient en activité dans le cirque, employant jusqu'à 200 ouvriers. Les vestiges des installations minières sont encore visibles aujourd'hui : galeries, bâtiments d'exploitation et chemins muletiers témoignent de cette période industrielle méconnue.