À 2061m d'altitude, ce lac naturel se transforme en patinoire de 1,2km en hiver

En surplomb de la vallée de l'Arve, à 1000 mètres d'altitude, une commune de Haute-Savoie offre l'un des plus beaux panoramas sur le massif du Mont-Blanc. Cette situation géographique exceptionnelle, associée à une réserve naturelle de 1800 hectares classée Natura 2000, fait de Passy un lieu unique où la nature sauvage côtoie l'histoire humaine depuis des millénaires. Entre ses lacs d'altitude cristallins et ses alpages verdoyants, ce territoire montagnard révèle un patrimoine naturel et culturel d'une richesse insoupçonnée.
Une réserve naturelle de 1800 hectares abritant 800 espèces de fleurs sur les contreforts du Mont-Blanc
La réserve naturelle de Passy, créée en 1980, s'étend sur un dénivelé impressionnant allant de 1000 à 2800 mètres d'altitude. Ce sanctuaire naturel abrite une biodiversité exceptionnelle avec plus de 800 espèces de plantes répertoriées, dont certaines sont endémiques des Alpes. Les botanistes y ont notamment identifié l'androsace pubescente et le génépi des glaciers, deux espèces protégées qui ne poussent qu'à très haute altitude.
Les formations géologiques de la réserve racontent 245 millions d'années d'histoire de la Terre. Les scientifiques y étudient notamment les plissements spectaculaires des roches calcaires, témoins de la formation des Alpes. Le site des Rochers des Fiz, avec ses falaises vertigineuses de 700 mètres de haut, constitue un laboratoire à ciel ouvert pour les géologues du monde entier.
La faune de la réserve présente une diversité remarquable. Les randonneurs attentifs peuvent observer 89 espèces d'oiseaux nicheurs, dont l'aigle royal et le gypaète barbu. Les chamois, bouquetins et marmottes peuplent les zones d'altitude, tandis que les zones forestières abritent des cerfs, chevreuils et sangliers. Une population de 45 couples de tétras-lyres, espèce emblématique des Alpes, trouve refuge dans les zones de combat entre forêt et pelouse alpine.
Des lacs d'altitude millénaires aux eaux turquoise à 2000 mètres d'altitude
Les lacs de Passy constituent l'un des joyaux naturels de la région. Le lac Vert, situé à 1266 mètres d'altitude, doit sa couleur émeraude à la présence d'algues microscopiques. Ce plan d'eau de 9000 m² est alimenté par des sources souterraines qui maintiennent une température constante de 5°C toute l'année. Les études géologiques ont révélé que ce lac s'est formé il y a environ 15 000 ans, suite au retrait des glaciers.
Plus haut en altitude, à 2000 mètres, le lac de Pormenaz offre un spectacle saisissant avec ses eaux turquoise reflétant les sommets environnants. Ce lac d'origine glaciaire s'étend sur 2,5 hectares et atteint une profondeur maximale de 15 mètres. Les scientifiques y ont découvert une espèce rare de triton alpestre, adaptée aux conditions extrêmes de la haute montagne.
Le lac d'Anterne, perché à 2061 mètres d'altitude, représente l'un des plus grands lacs naturels d'altitude de Haute-Savoie avec ses 12 hectares de superficie. Ses sédiments, étudiés par les chercheurs, constituent une archive naturelle exceptionnelle permettant de retracer 13 000 ans d'histoire climatique des Alpes. En hiver, son gel complet crée une patinoire naturelle de 1,2 kilomètre de long.
Un territoire habité depuis 4500 ans révélant des vestiges préhistoriques exceptionnels
Les recherches archéologiques menées sur le territoire de Passy ont mis au jour des traces d'occupation humaine remontant à l'âge du Bronze, soit environ 4500 ans. Les fouilles ont notamment permis de découvrir une nécropole monumentale unique en Europe, composée de 27 tombes alignées sur plus de 500 mètres de long. Ces vestiges témoignent d'une organisation sociale complexe et de pratiques funéraires élaborées.
Au lieu-dit Le Châtelard, les archéologues ont identifié les fondations d'un habitat fortifié datant de 800 avant J.-C. Ce site de 3 hectares, occupant une position stratégique avec vue sur la vallée, a livré plus de 2000 objets du quotidien, dont des céramiques et des outils en bronze parfaitement conservés. Ces découvertes attestent de l'existence d'échanges commerciaux intenses à travers les Alpes dès la Protohistoire.