À 800 mètres d'altitude, ce village provençal produit l'un des fromages les plus rares de France

Au sommet d'une colline provençale à 800 mètres d'altitude, ce village médiéval des Alpes-de-Haute-Provence cultive depuis des siècles un savoir-faire unique autour d'un fromage de chèvre d'exception. Entouré de champs de lavande qui s'étendent à perte de vue sur plus de 2000 hectares, ce territoire préservé offre un spectacle naturel époustouflant entre juin et août. La renommée de son fromage AOP, affiné dans des feuilles de châtaignier selon une tradition ancestrale, attire les gastronomes du monde entier pour découvrir ce petit trésor laitier qui se produit à seulement 50 000 unités par an.

Une tradition fromagère millénaire : 7 étapes minutieuses pour créer l'or blanc des Alpes

La production du fromage de Banon suit un protocole strict et ancestral transmis de génération en génération. Chaque disque de fromage nécessite 1,5 litre de lait cru de chèvre et traverse sept étapes cruciales sur une période d'affinage de 15 jours minimum. Les chèvres, principalement de race provençale, pâturent librement sur plus de 300 hectares de prairies naturelles riches en herbes aromatiques qui confèrent au fromage ses notes caractéristiques.

L'art de l'enveloppement dans les feuilles de châtaignier constitue l'étape la plus délicate. Ces feuilles, récoltées en automne et ébouillantées pour les assouplir, sont minutieusement disposées en étoile autour du fromage. Le fromager utilise en moyenne 3 à 4 feuilles par fromage, maintenues par un brin de raphia naturel. Cette technique d'affinage unique, développée il y a plus de 1000 ans, permet au fromage de développer des arômes complexes tout en conservant son onctuosité.

La production annuelle, limitée à 50 000 fromages, respecte un cahier des charges strict établi depuis l'obtention de l'AOP en 2003. Chaque producteur élève en moyenne un troupeau de 80 chèvres, produisant quotidiennement entre 15 et 20 fromages. Cette production artisanale maintient vivante une tradition qui remonte à l'époque romaine, période durant laquelle les bergers développèrent cette technique de conservation unique.

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Un amphithéâtre naturel de 2000 hectares de lavande aux portes du village

Les champs de lavande qui encerclent le village créent un spectacle naturel grandiose. Cette culture, introduite dans les années 1920, couvre aujourd'hui plus de 2000 hectares. La floraison, qui débute fin juin et atteint son apogée mi-juillet, attire chaque année plus de 10 000 visiteurs venus admirer l'océan violet qui s'étend à perte de vue.

Les agriculteurs locaux ont développé des techniques de culture adaptées au terrain escarpé. Les rangées de lavande, espacées de 1,5 mètre, suivent les courbes de niveau pour lutter contre l'érosion. La récolte, qui s'effectue généralement début août, mobilise une vingtaine de distilleries traditionnelles qui produisent annuellement près de 15 000 litres d'huile essentielle.

L'altitude de 800 mètres et le climat méditerranéen d'altitude créent des conditions idéales pour la culture de la lavande fine. Cette variété, considérée comme la plus noble, produit une huile essentielle particulièrement recherchée. Les analyses scientifiques ont révélé une concentration en esters supérieure de 15% à la moyenne régionale, due aux conditions climatiques uniques du territoire.

Un village médiéval de 1000 ans préservé des circuits touristiques de masse

Les ruelles pavées du village, dont certaines datent du 11e siècle, s'organisent en spirale autour de l'ancien château féodal. Cette configuration unique, typique des villages perchés provençaux, permettait autrefois une défense efficace. Les 200 habitants permanents entretiennent avec passion ce patrimoine architectural qui compte pas moins de 15 monuments historiques classés.

L'église Saint-Just, construite au 12e siècle, abrite des fresques romanes exceptionnelles récemment restaurées. Ces peintures murales, découvertes sous plusieurs couches d'enduit en 1985, représentent des scènes de la vie pastorale locale et constituent un témoignage unique de l'art médiéval provençal. La restauration, achevée en 2018, a nécessité 3 ans de travail minutieux et un budget de 500 000 euros.

Le marché hebdomadaire, qui se tient depuis plus de 800 ans sur la place principale, rassemble chaque mercredi une trentaine de producteurs locaux. Ce rendez-vous traditionnel permet aux visiteurs de découvrir non seulement le célèbre fromage local, mais aussi une grande variété de produits du terroir, dont le miel de lavande produit par les 50 ruchers installés dans la région.