Tétraplégique à 18 ans après un plongeon illégal : le squatteur attaque les propriétaires en justice

Squatteur vs propriétaires : qui paiera pour ce plongeon en piscine viré au drame ?

C'est une histoire qui soulève de nombreuses questions sur la responsabilité des propriétaires face aux risques liés au squat. En 2022, un jeune homme de 18 ans a pénétré illégalement dans une résidence toulousaine avec des amis pour profiter de la piscine. Mais son plongeon a tourné au drame : il s'est brisé les vertèbres et est devenu tétraplégique. Deux ans après, il a décidé de porter plainte contre les copropriétaires, les accusant de négligence concernant la sécurité de la piscine. Les propriétaires sont-ils responsables de cet accident, même s'il est survenu dans le cadre d'une occupation illégale des lieux ? Décryptage d'une affaire complexe et douloureuse.

Un plongeon fatal

Tout a basculé en juillet 2022 quand ce groupe de jeunes a décidé de s'introduire dans cette résidence pour se baigner, en l'absence des propriétaires. Selon les témoins, ils auraient commencé à sauter "comme des imbéciles" dans la piscine, malgré les avertissements sur le danger. C'est alors que le drame est arrivé. En plongeant, l'un d'eux s'est gravement blessé. "On lui avait dit qu'il allait se faire mal", raconte un témoin à La Dépêche. Mais le pire était à venir. Le diagnostic est tombé : tétraplégie. Sa vie a basculé en une fraction de seconde.

Deux ans après, la douloureuse décision de porter plainte

Après deux années de souffrance physique et morale, de rééducation, de questionnements, le jeune homme a pris une décision lourde : attaquer les copropriétaires en justice. Il estime qu'ils ont fait preuve de négligence en n'assurant pas suffisamment la sécurité de la piscine. Une piscine dans laquelle, certes, il n'avait pas à se trouver. Mais le droit est-il de son côté ? C'est toute la question qui se pose aujourd'hui.

Les propriétaires entre incompréhension et empathie

Du côté des copropriétaires, c'est l'incompréhension qui prime. "On a de la peine pour ce jeune qui se blesse et brise sa vie à 18 ans, mais il savait qu'il ne fallait pas sauter et il n'avait rien à faire là", explique Alexandra, une des résidentes, au Figaro. Selon elle, des panneaux indiquaient clairement les profondeurs et les risques. Les propriétaires assurent avoir fait le nécessaire en matière de sécurité, estimant l'argument de la négligence "irrecevable".

Vidéo du jour

D'autant qu'ils affirment avoir tenté de faire partir le groupe de squatteurs ce jour-là, en vain. "On a l'impression qu'on nous enlève notre droit à la propriété", déplore Alexandra. Ils ont dû diligenté un audit à leurs frais pour prouver que tout était aux normes, en vue de l'action en justice. Mais cela suffira-t-il ?

Une question épineuse de responsabilité

Car d'un point de vue légal, même en cas d'occupation illégale, les propriétaires ont une obligation de sécurité envers les personnes, selon l'article 1244 du code civil. Pour Me Romain Rossi-Landi, avocat en droit immobilier interrogé par Le Figaro, ils devront démontrer que "le logement était en bon état avant le squat ou qu'ils ont été empêchés par le squatteur de remplir leur obligation d'entretien". Sans quoi, ils risquent de devoir verser des dommages et intérêts.

Une affaire qui soulève donc de nombreuses questions juridiques, mais aussi humaines et morales. Jusqu'où va la responsabilité des propriétaires face aux risques du squat ? Faut-il barricader sa piscine pour se prémunir d'éventuelles poursuites ? La justice donnera-t-elle raison au squatteur malgré les circonstances ? Autant d'interrogations que ce dossier soulève, sans qu'il y ait pour l'heure de réponse évidente.

Une chose est sûre : derrière les articles de loi, il y a un jeune homme de 20 ans aujourd'hui lourdement handicapé, une vie brisée, des propriétaires sous le choc eux aussi. Au-delà des responsabilités de chacun, cette histoire dramatique appelle à la prudence et à la réflexion de tous. Car un simple plongeon peut basculer une vie. Et aucune piscine, aussi belle et attirante soit-elle, ne devrait être accessible au mépris des règles de sécurité et de la loi.