Arnaque sur les marchés : 1 fruit ou légume sur 3 ne vient pas de France !

Fausse provenance, étiquettes trafiquées... Découvrez les techniques des fraudeurs pour vous vendre des produits étrangers au prix du made in France. Nos conseils pour y échapper.

Avec le retour des beaux jours, on se rue sur les étals colorés des marchés pour remplir nos paniers de fruits et légumes gorgés de soleil. Tomates, pêches, melons... On privilégie ce qui vient de nos régions, quitte à payer un peu plus cher pour soutenir nos agriculteurs. Mais attention : un tiers de ces soi-disant produits locaux serait en réalité... d'origine étrangère ! C'est l'alerte lancée par l'association de consommateurs 60 Millions de consommateurs dans une récente enquête. La fraude à la francisation explose sur les marchés. Voici tout ce qu'il faut savoir pour ne pas vous faire avoir.

La fraude à la "francisation" en forte hausse sur les marchés

La Direction générale de la concurrence et de la répression des fraudes (DGCCRF) tire la sonnette d'alarme : sur plus de 4600 contrôles menés depuis janvier 2024, le taux d'anomalies sur l'origine France atteint 34% ! Un chiffre en nette augmentation, qui montre que la pratique frauduleuse consistant à faire passer des produits étrangers pour du made in France s'amplifie dangereusement.

Les fraudeurs profitent de l'engouement des consommateurs pour le local et jouent sur la corde sensible du soutien à nos agriculteurs, durement touchés par les crises successives. Résultat, ils vendent des fruits et légumes importés au prix fort du français, s'assurant ainsi des marges confortables sur le dos des clients abusés. En changeant simplement une étiquette ou en récupérant des cagettes estampillées "France", le tour est joué !

Les produits les plus touchés par la fraude

Parmi les fruits et légumes incriminés, on retrouve surtout ceux dont les récoltes françaises et étrangères se chevauchent. C'est le cas notamment pour :

  • Les tomates
  • Les melons
  • Les pêches et nectarines
  • Les abricots
  • Les fraises

Mais d'autres produits prisés des consommateurs sont aussi pointés du doigt, comme le miel, l'huile d'olive ou encore les herbes aromatiques.

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Les conséquences de cette fraude généralisée

Au-delà de tromper les consommateurs, cette escroquerie pénalise durement toute la chaîne du circuit court. Les vrais producteurs français en pâtissent, accusés de pratiquer des prix trop élevés alors qu'ils peinent déjà à joindre les deux bouts. Les commerçants honnêtes subissent une concurrence déloyale de ceux prêts à toutes les supercheries pour gonfler leurs bénéfices.

Et même les grandes surfaces sont parfois bernées à leur insu par des grossistes ou des centrales d'achats peu regardantes. C'est toute la confiance dans le made in France qui est ébranlée.

Comment repérer les produits frauduleux ?

Difficile pour le consommateur lambda de faire la différence à l'œil nu. Mais quelques indices peuvent vous alerter :

  • Un prix anormalement bas, surtout sur des primeurs de début de saison
  • Des tarifs nettement inférieurs aux autres stands du marché pour le même produit français
  • Une origine France affichée sur un produit que tous les autres étals vendent en provenance de l'étranger, signe que la saison n'a pas encore démarré en France

En cas de doute, n'hésitez pas à questionner le marchand. S'il est honnête, il saura vous donner des détails sur le producteur et la région d'origine. Vous pouvez aussi privilégier les stands de producteurs eux-mêmes, bien identifiés. Les labels AOP ou IGP constituent également une garantie fiable.

Enfin, ayez en tête le calendrier des fruits et légumes de saison. Un melon français en mai ou une clémentine corse en juillet, ça sent la supercherie à plein nez !

N'oubliez pas que la fraude à la francisation est un délit puni par la loi. Toute infraction peut entraîner jusqu'à 2 ans de prison et 300 000 euros d'amende. Si vous êtes témoin de pratiques douteuses, vous pouvez les signaler à la répression des fraudes.

Cet été, ouvrez l'œil sur les marchés. Mieux vaut payer le juste prix pour un bon produit local que de se faire duper par un faux made in France. C'est important pour notre santé, notre porte-monnaie, mais aussi pour soutenir notre agriculture de qualité. Alors soyez vigilants et n'hésitez pas à poser des questions. C'est comme ça qu'on fera reculer les arnaques !

Nos réponses à vos questions sur les arnaques à la francisation

Est-ce que tous les marchands de fruits et légumes sont des escrocs ?

Bien sûr que non ! La grande majorité des commerçants sont honnêtes et transparents sur la provenance de leurs produits. Mais une minorité peu scrupuleuse profite de la confiance des clients pour gonfler ses marges avec des produits étrangers francisés.

Comment signaler une fraude à l'origine constatée sur un marché ?

Vous pouvez contacter la DGCCRF via le site internet signal.conso.gouv.fr. Pensez à relever un maximum d'informations sur le commerçant (nom, localisation) et sur le produit suspect (prix, origine affichée, photos si possible...).

Je suis producteur, comment me protéger de cette concurrence déloyale ?

Mettez en avant votre ancrage local de façon visible et transparente. Proposez à vos clients de venir visiter votre exploitation. Misez sur les labels de qualité et les appellations d'origine, gages de traçabilité. Enfin, rapprochez-vous des autorités locales et des associations de consommateurs pour lutter collectivement contre ces fraudes.

Quels sont les risques pour un commerçant pris en flagrant délit ?

Au-delà des amendes très lourdes et de la peine de prison encourue, c'est toute sa réputation et celle de son enseigne qui est ternie. Les clients floués n'hésiteront pas à faire circuler l'information, entraînant un boycott du point de vente. Le jeu n'en vaut vraiment pas la chandelle !