Ce lac alpin de 54 hectares est le plus grand miroir naturel d'Europe
Crédit Photo : Depositphotos Le plus grand lac naturel d'altitude d'Europe se trouve dans les Alpes-de-Haute-Provence, au cœur du Parc national du Mercantour. Perché à 2 228 mètres d'altitude, cet immense miroir d'eau de 54 hectares reflète les sommets majestueux qui l'entourent. Cette merveille géologique, formée il y a plus de 11 000 ans lors du retrait des glaciers würmiens, représente un écosystème unique où faune et flore de haute montagne s'épanouissent dans un environnement préservé.
Un géant aquatique façonné par les glaciers depuis 11 000 ans
La formation de ce lac d'altitude remonte à la dernière période glaciaire. Les glaciers, en se retirant progressivement, ont creusé une cuvette naturelle dans la roche, créant ainsi ce qui allait devenir le plus vaste lac naturel d'altitude d'Europe. Sa profondeur maximale atteint 49 mètres, tandis que sa superficie de 54 hectares en fait un véritable joyau azuré serti dans l'écrin minéral des Alpes du Sud.
Les études géologiques révèlent que le lac repose sur des formations sédimentaires datant du Trias et du Jurassique. Les scientifiques ont identifié des strates successives de calcaires et de marnes qui racontent 200 millions d'années d'histoire géologique. Cette structure particulière explique la présence de nombreuses sources souterraines qui alimentent le lac tout au long de l'année.
La température de l'eau, qui oscille entre 0°C en hiver et 15°C en été, crée des conditions particulières pour la vie aquatique. Le lac reste gelé environ six mois par an, de novembre à mai, avec une couche de glace pouvant atteindre 1,5 mètre d'épaisseur. Ce phénomène contraint la faune aquatique à développer des adaptations spécifiques pour survivre dans ces conditions extrêmes.
Une biodiversité exceptionnelle à 2 228 mètres d'altitude
L'écosystème du lac abrite une biodiversité remarquable, adaptée aux conditions climatiques rigoureuses de la haute montagne. Les biologistes ont recensé plus de 200 espèces végétales autour du lac, dont certaines sont endémiques des Alpes du Sud. Parmi elles, la primevère marginée et le génépi, plantes emblématiques des hauteurs alpines, colonisent les éboulis et les falaises environnantes.
Dans les eaux cristallines du lac, une population de truites fario s'est naturellement développée. Ces poissons, parfaitement adaptés aux eaux froides d'altitude, peuvent atteindre des tailles impressionnantes grâce à l'abondance de nourriture et à l'absence de prédateurs naturels. Les pêcheurs, munis d'une carte spéciale, peuvent pratiquer leur passion durant la courte saison estivale.
Les rives du lac constituent un territoire de chasse privilégié pour les rapaces, notamment l'aigle royal et le gypaète barbu, réintroduit avec succès dans le Mercantour. Les naturalistes ont également observé la présence régulière de bouquetins et de chamois qui viennent s'abreuver aux eaux du lac. Ces observations témoignent du rôle crucial de ce point d'eau pour la faune sauvage de haute montagne.
Un site naturel qui attire 100 000 visiteurs chaque année
L'accessibilité du lac, malgré son altitude, en fait une destination prisée des randonneurs. Plus de 100 000 visiteurs empruntent chaque année les sentiers balisés qui mènent à ses rives. Le parcours le plus populaire, au départ du parking du lac, nécessite environ 45 minutes de marche pour un dénivelé de 150 mètres.
Les autorités du Parc national du Mercantour ont mis en place des mesures strictes de protection pour préserver ce site exceptionnel. La baignade est interdite, tout comme le camping sauvage et l'utilisation d'embarcations. Ces restrictions permettent de maintenir la qualité des eaux et de protéger la fragilité de l'écosystème.
Le lac fait l'objet d'un suivi scientifique constant. Des chercheurs étudient l'impact du changement climatique sur cet environnement d'altitude. Les relevés effectués depuis 30 ans montrent une modification progressive des périodes de gel et une évolution de la biodiversité, faisant du lac un véritable laboratoire naturel pour comprendre les mutations climatiques en cours.