Cette église romane abrite les plus anciennes représentations de navires médiévaux de France

Les fortifications médiévales de cette cité maritime perchée en Charente-Maritime dominent majestueusement l'estuaire de la Gironde depuis plus de 1000 ans. Construite sur un promontoire rocheux battu par les vents et les marées, cette ancienne place forte stratégique est devenue l'un des sites les plus photographiés de la côte Atlantique. Ses ruelles étroites ornées de roses trémières et son église romane Sainte-Radegonde, suspendue entre ciel et mer, témoignent d'un riche passé où se mêlent histoire maritime, architecture médiévale et traditions locales séculaires.
Une forteresse millénaire qui défie les éléments depuis 1284 sur son éperon rocheux de 15 mètres de haut
Édifiée au XIIIe siècle sur ordre d'Édouard Ier d'Angleterre, cette cité fortifiée occupe une position stratégique unique sur un promontoire rocheux s'avançant dans l'estuaire. Les remparts, dont certaines sections atteignent encore 8 mètres de hauteur, protégeaient autrefois un port actif qui contrôlait le trafic maritime. Les marées, particulièrement puissantes dans cette zone avec des coefficients pouvant atteindre 120, ont façonné au fil des siècles le paysage environnant.
Les archéologues ont mis au jour des vestiges attestant d'une occupation humaine remontant au néolithique. Les fouilles ont révélé des outils en silex et des poteries datant de plus de 5000 ans, prouvant que ce site exceptionnel attirait déjà les premiers habitants de la région. Au Moyen Âge, la cité comptait plus de 500 habitants et disposait de privilèges commerciaux importants accordés par les rois d'Angleterre.
Le système défensif, remarquablement préservé, comprend une double enceinte qui épouse parfaitement la topographie naturelle du site. Les archéologues ont identifié pas moins de 12 tours de guet originelles, dont 8 sont encore visibles aujourd'hui. Ces fortifications ont résisté à de nombreux sièges pendant la guerre de Cent Ans, notamment en 1352 et 1378.
Une église romane du XIIe siècle perchée à 30 mètres au-dessus des flots qui défie les lois de la gravité
L'église Sainte-Radegonde, joyau de l'art roman charentais, se dresse fièrement depuis le XIIe siècle sur la pointe de la falaise. Son architecture unique combine des éléments romans classiques avec des adaptations ingénieuses pour résister aux vents violents et à l'érosion marine. Sa façade occidentale, ornée de 157 modillons sculptés, présente un bestiaire fantastique particulièrement bien conservé.
Les maîtres bâtisseurs du Moyen Âge ont fait preuve d'une remarquable ingéniosité pour ancrer l'édifice dans la roche. Des études géologiques récentes ont révélé un système de fondations complexe, s'enfonçant jusqu'à 12 mètres dans le calcaire. Cette prouesse technique explique la longévité exceptionnelle de l'église, malgré sa position périlleuse.
L'intérieur de l'église abrite des chapiteaux historiés d'une grande valeur artistique, dont certains représentent des scènes maritimes uniques dans l'art roman. Les spécialistes ont identifié des représentations détaillées de navires médiévaux, fournissant de précieuses informations sur la construction navale de l'époque.
Un labyrinthe de 632 mètres de ruelles médiévales où fleurissent plus de 1000 roses trémières chaque été
Le village actuel conserve son plan médiéval d'origine, avec 632 mètres de ruelles étroites formant un véritable dédale. Ces venelles, dont certaines ne dépassent pas 1,20 mètre de large, sont bordées de maisons traditionnelles aux murs blanchis à la chaux. En été, plus de 1000 roses trémières, plantées par les habitants depuis des générations, transforment ces ruelles en jardins verticaux extraordinaires.
Les maisons de pêcheurs, construites entre le XVe et le XVIIIe siècle, présentent une architecture typique adaptée aux conditions climatiques locales. Les murs, épais de 80 centimètres en moyenne, protègent les habitants des vents violents, tandis que les petites fenêtres côté mer limitent les infiltrations d'embruns.
L'activité maritime a profondément marqué l'urbanisme de la cité. Les archéologues ont recensé 23 anciennes caves à poisson, creusées dans la roche calcaire. Ces viviers naturels, profonds de 3 à 5 mètres, permettaient de conserver le poisson vivant grâce au renouvellement de l'eau à chaque marée.