Cette habitude anodine serait le meilleur remède contre l'addiction

L'addiction est un fléau qui touche de nombreuses personnes, même celles qu'on ne soupçonnerait pas à première vue. Selon une neuroscientifique, il faudrait 14 jours pour se débarrasser de n'importe quelle addiction. Mais la réalité est souvent plus complexe et le chemin vers la guérison semé d'embûches. Découvrez les mécanismes de l'addiction et les clés pour s'en sortir.

30 jours d'abstinence totale pour "réinitialiser" le cerveau

D'après l'expérience clinique de la neuroscientifique, il faut en moyenne 30 jours au cerveau pour rééquilibrer les circuits de la récompense et la transmission de la dopamine après l'arrêt d'une substance addictive. Des études d'imagerie montrent qu'il existe encore un déficit en dopamine deux semaines après l'arrêt. Une étude sur des hommes dépressifs et alcooliques hospitalisés sans traitement mais privés d'alcool a révélé qu'après 4 semaines, 80% ne remplissaient plus les critères de dépression majeure.

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En se privant de la substance ou du comportement qui provoque un pic de dopamine, on permet au cerveau de régénérer son propre équilibre. "Vous vous sentirez plus mal avant d'aller mieux", prévient la spécialiste. Les 10 premiers jours sont en général très difficiles avec anxiété, troubles du sommeil, agitation physique, impulsivité, colère. Mais si on tient 2 semaines, une amélioration commence à se faire sentir en 3ème semaine. Au bout de 4 semaines, la plupart des gens vont beaucoup mieux qu'avant l'arrêt.

L'addiction peut frapper n'importe qui

Contrairement aux stéréotypes, les addicts ne sont pas forcément des personnes marginales. "Écartez l'image classique du toxicomane et imaginez la personne la plus normale, équilibrée et en bonne santé", insiste la neuroscientifique. Beaucoup d'addicts passent inaperçus, jusqu'au jour où ils replongent avec des conséquences dramatiques : "Un tel est de nouveau en prison, la femme d'un tel va le quitter car il a bu 2 bouteilles de vin et pris un Xanax à 7h du matin avant de rentrer dans un poteau avec son camion. Il a 2 beaux enfants. Comment est-ce encore arrivé ?"

Après 4 ou 5 rechutes, l'entourage est souvent à bout. "Je ne sais même pas si j'ai encore envie d'aider cette fois-ci, ça fait tellement de fois. Je commence à me demander si cette personne n'est pas juste un addict, si ce n'est pas juste ce qu'il est", confie la spécialiste. Malheureusement, certains mourront de leur maladie addictive. Pour d'autres, l'équilibre ne sera jamais totalement restauré malgré une abstinence prolongée. Ils devront vivre avec cette envie constante, comme une démangeaison qu'on s'empêche de gratter.

Dire la vérité, une clé de la guérison

Mais beaucoup d'addicts parviennent à s'en sortir, avec un courage et une détermination admirables. "Quand on pense à la difficulté d'abandonner une drogue ou un comportement addictif, au courage, à la ténacité et à la discipline que cela demande, ces gens sont vraiment incroyables", souligne la neuroscientifique. Ils ont beaucoup à nous apprendre, notamment sur l'importance de dire la vérité, même sur les détails les plus anodins du quotidien.

Quand ils sont dans l'addiction, les addicts mentent évidemment sur leur consommation. Mais en se sevrant, ils doivent cesser de mentir sur quoi que ce soit. "Je ne peux pas mentir sur mon retard au travail ce matin. Je n'étais pas dans les bouchons, je voulais juste passer 2 minutes de plus à lire le journal en buvant mon café", explique la spécialiste. Dire la vérité, même sur des choses sans importance, permet de renforcer les connexions entre le cortex préfrontal et le système limbique de récompense. L'honnêteté crée des liens intimes qui stimulent la dopamine.

Les réseaux sociaux, une drogue comme une autre

À l'heure actuelle, difficile d'échapper aux multiples tentations addictives, en particulier avec les réseaux sociaux. "C'est vraiment une drogue, conçue pour être une drogue, basée sur la puissance, la quantité, la variété, les bols sans fond, les likes, la façon dont c'est comptabilisé", alerte la neuroscientifique. Cela ne veut pas dire qu'il faut s'en priver totalement, mais il faut les utiliser de façon réfléchie et intentionnelle, comme un formidable outil pour se connecter aux autres, pas pour s'y perdre.

Le problème, c'est que quand on devient addict, on ne s'en rend pas compte. Les jeunes d'aujourd'hui sont presque des cyborgs avec leur téléphone greffé, capables de vous parler tout en textant 12 amis en même temps. Impossible de revenir en arrière. Il faut donc trouver le moyen de faire de cet outil quelque chose de positif et non de nocif, en luttant contre la préoccupation narcissique malsaine qu'il peut engendrer, source de honte et de désamour de soi sur le long terme.