Cette spécialité auvergnate vieille de 700 ans attire 2000 gourmets chaque automne
Au cœur de la Haute-Loire, à 850 mètres d'altitude, le village de Cheyrac dévoile ses charmes authentiques entre les gorges de l'Allier et les plateaux volcaniques d'Auvergne. Ce hameau de caractère, avec ses maisons en pierre de pays et ses toits de lauze, perpétue des traditions culinaires uniques, notamment la célèbre pachade, une spécialité qui attire les gourmets du monde entier. À seulement 25 kilomètres du Puy-en-Velay, Cheyrac offre un point de départ idéal pour explorer une région préservée où nature et gastronomie se conjuguent en parfaite harmonie.
Une tradition culinaire millénaire : la pachade, l'art de la crêpe auvergnate depuis 1320
La pachade, véritable institution à Cheyrac, représente bien plus qu'une simple crêpe épaisse. Cette recette ancestrale, dont les premières traces écrites remontent à 1320, se transmet de génération en génération. Préparée dans une poêle en fonte appelée "padèla" en occitan, la pâte est travaillée selon un rituel précis qui nécessite un tour de main particulier. La farine locale, issue des moulins de la région, confère à cette spécialité une texture unique, entre le moelleux d'un gâteau et le croustillant d'une crêpe traditionnelle. Les habitants de Cheyrac ont développé plus de 50 variantes de la pachade au fil des siècles.
La version aux pommes du verger, mijotées dans du beurre et flambées au marc d'Auvergne, reste la plus populaire. La déclinaison au fromage local, notamment le bleu d'Auvergne AOP affiné pendant 4 semaines, offre une expérience gustative intense qui séduit les amateurs de fromage du monde entier. Chaque année, le premier week-end d'octobre, Cheyrac organise la Fête de la Pachade qui rassemble plus de 2000 visiteurs.
Durant trois jours, les ruelles du village s'animent au rythme des démonstrations culinaires, des concours de la meilleure pachade et des dégustations. Les 15 familles du village, gardiennes de recettes séculaires, partagent leurs secrets de fabrication avec les visiteurs curieux.
Les gorges de l'Allier : 85 kilomètres de sentiers sauvages et préservés
Les gorges de l'Allier, accessibles depuis Cheyrac par un sentier de randonnée de 3 kilomètres, constituent l'un des plus beaux canyons d'Europe. Sur 85 kilomètres, la rivière a creusé des falaises vertigineuses atteignant parfois 300 mètres de hauteur. Ce site naturel exceptionnel abrite une biodiversité remarquable avec 120 espèces d'oiseaux recensées, dont le rare milan royal qui niche dans les parois rocheuses.
Le territoire de Cheyrac compte 45 kilomètres de sentiers balisés, permettant de découvrir des panoramas à couper le souffle sur les gorges. Le GR470, qui traverse le village, suit l'ancien chemin de halage où, jusqu'en 1890, des hommes tiraient les bateaux chargés de marchandises. Les vestiges de cette époque, comme les anneaux d'amarrage scellés dans la roche, témoignent de cette histoire fluviale. La pratique du canoë-kayak sur l'Allier offre une perspective unique sur les gorges. De mai à septembre, trois bases nautiques proposent des descentes guidées sur différents parcours, de 7 à 21 kilomètres.
Les eaux vives de classe III à IV attirent chaque année plus de 5000 pratiquants, faisant de ce spot l'un des plus réputés de France pour les sports d'eau vive. Le microclimat des gorges favorise une végétation méditerranéenne inattendue à cette altitude. On trouve ainsi des chênes verts, des genévriers et même quelques figuiers sauvages. Les botanistes ont identifié 450 espèces de plantes, dont certaines endémiques comme la sabline de l'Allier, qui ne pousse nulle part ailleurs au monde.
Un patrimoine rural préservé depuis 7 siècles
Le village de Cheyrac, mentionné pour la première fois dans un cartulaire de 1289, conserve un remarquable ensemble architectural rural. Les 35 maisons du bourg, construites entre le 15e et le 19e siècle, illustrent parfaitement l'architecture vernaculaire de la Haute-Loire.
Les toits de lauze, ces pierres plates extraites des carrières locales, peuvent peser jusqu'à 800 kg par mètre carré. L'église Saint-Pierre, dont le clocher date de 1456, renferme des fresques médiévales récemment restaurées. Ces peintures murales, découvertes sous un badigeon en 1985, représentent des scènes de la vie rurale et constituent un témoignage unique sur les pratiques agricoles du 15e siècle.
Le bénitier en pierre volcanique, taillé d'un seul bloc, porte les armoiries d'une famille locale disparue. Les granges-étables traditionnelles, dont certaines remontent au 17e siècle, présentent une architecture adaptée aux rigueurs du climat. Leurs murs épais de 80 centimètres et leurs petites fenêtres protégeaient hommes et bêtes pendant les longs hivers auvergnats. Aujourd'hui, plusieurs de ces bâtiments ont été reconvertis en gîtes ruraux, permettant aux visiteurs de vivre une expérience authentique au cœur du village.