Comment ce château de 2000 m² a survécu à la Révolution française grâce à une astucieuse transformation
Le Château de Parentignat, surnommé le Petit Versailles d'Auvergne, représente l'un des plus remarquables exemples d'architecture classique du XVIIIe siècle en Auvergne. Cette demeure historique, construite entre 1707 et 1720, s'étend sur plus de 2000 m² habitables et domine la plaine d'Issoire depuis son promontoire naturel. L'édifice, propriété de la famille de Lastic depuis plus de trois siècles, abrite l'une des plus importantes collections privées de peintures et de mobilier d'époque en France.
Une collection exceptionnelle de 1500 œuvres d'art dont 80 tableaux de maîtres flamands et hollandais
Le château de Parentignat se distingue par sa remarquable collection d'œuvres d'art, constituée au fil des générations par la famille de Lastic. Les salons d'apparat présentent plus de 80 tableaux de maîtres flamands et hollandais du XVIIe siècle, une rareté en Auvergne. Parmi les pièces maîtresses figurent des œuvres de Jan van Goyen, David Teniers et Willem van de Velde, acquises principalement au XVIIIe siècle lors de ventes aux enchères parisiennes.
Les appartements privés du château renferment également une collection unique de mobilier d'époque Louis XV et Louis XVI. On y trouve notamment un ensemble exceptionnel de sièges signés par les plus grands ébénistes parisiens, dont Jean-Baptiste Tilliard et Georges Jacob. Les boiseries d'origine, entièrement préservées, ont conservé leurs dorures et leurs teintes d'origine, offrant un témoignage rare de l'art décoratif du XVIIIe siècle.
La bibliothèque historique du château compte plus de 8000 volumes, dont certains remontent au XVIe siècle. Cette collection comprend des éditions originales d'ouvrages philosophiques des Lumières, des traités d'architecture et des livres de botanique richement illustrés. Un inventaire datant de 1789 révèle que cette bibliothèque était déjà considérée comme l'une des plus importantes d'Auvergne à l'époque.
Les jardins à la française s'étendent sur 12 hectares avec un système hydraulique du XVIIIe siècle encore fonctionnel
Les jardins de Parentignat, dessinés en 1735 par un élève d'André Le Nôtre, s'étendent sur 12 hectares. Leur particularité réside dans leur système hydraulique d'époque, toujours en fonctionnement après presque 300 ans. Ce réseau complexe de canaux et de bassins, alimenté par une source naturelle, permet d'irriguer l'ensemble du domaine et d'alimenter les fontaines monumentales.
Le parc est organisé selon un plan géométrique rigoureux, typique des jardins à la française. Une grande perspective de 800 mètres traverse le domaine, ponctuée de parterres de broderies, de bosquets taillés et de bassins miroirs. Les allées sont bordées de tilleuls tricentenaires, plantés lors de la création des jardins, dont certains atteignent aujourd'hui 25 mètres de hauteur.
Un potager historique de 5000 m², restauré en 2010, perpétue la tradition des jardins nourriciers du XVIIIe siècle. On y cultive plus de 200 variétés anciennes de fruits et légumes, suivant les méthodes de culture de l'époque. L'orangerie d'origine, longue de 50 mètres, abrite encore aujourd'hui une collection d'agrumes et de plantes exotiques pendant la saison hivernale.
Le château a survécu à la Révolution française grâce à une ruse ingénieuse de ses propriétaires
En 1789, alors que de nombreux châteaux sont pillés et détruits, Parentignat échappe à la destruction grâce à une stratégie audacieuse. Le comte de Lastic fait murer l'entrée principale et transforme temporairement le château en grenier à grain pour la République. Cette conversion sauve non seulement l'édifice mais permet également de préserver l'intégralité de son mobilier et de ses collections d'art, un cas unique dans la région.
Les archives familiales révèlent que pendant cette période trouble, plus de 3000 documents précieux et objets de valeur furent dissimulés dans une cache secrète, aménagée derrière les boiseries du grand salon. Cette cachette ne fut redécouverte qu'en 1815, lors de travaux de restauration, permettant ainsi de retrouver intacts des témoignages uniques de la vie aristocratique d'avant la Révolution.
Le château servit également de refuge à plusieurs personnalités pendant la Terreur. Un registre secret, découvert dans les années 1950, mentionne le passage de 23 aristocrates et membres du clergé qui trouvèrent asile à Parentignat entre 1793 et 1794. Le système ingénieux de doubles cloisons et de passages dérobés, toujours visible aujourd'hui, témoigne de cette période mouvementée.