Course à pied : Le secret de longévité d'une tribu qui défie la science

Dans les canyons escarpés de la Sierra Madre occidentale au Mexique, la région de Tarahumara abrite un peuple extraordinaire dont la capacité à courir de longues distances défie l'imagination et la science moderne. Les Tarahumaras, qui s'appellent eux-mêmes Rarámuri, ce qui signifie "ceux qui courent vite", sont célèbres pour leur endurance exceptionnelle et leur longévité remarquable. Comment ce peuple indigène, vivant dans un environnement rude et isolé, a-t-il développé cette capacité unique, et quel impact cela a-t-il sur leur santé et leur longévité ?

Ultra-marathoniens nés : 300 km de course comme mode de vie

Les Tarahumaras sont connus pour leur capacité à courir des distances qui sembleraient impossibles pour la plupart d'entre nous. Il n'est pas rare pour un Tarahumara de parcourir 200 à 300 kilomètres en une seule session de course, souvent dans le cadre de jeux traditionnels ou pour se déplacer entre les villages. Cette endurance extraordinaire n'est pas le fruit d'un entraînement intensif, mais plutôt un mode de vie ancré dans leur culture depuis des millénaires.

Des études menées par l'Université du Texas ont révélé que les coureurs Tarahumaras ont une capacité aérobie (VO2 max) 30% supérieure à celle des athlètes d'élite occidentaux. Leur fréquence cardiaque au repos est en moyenne de 40 battements par minute, comparable à celle des athlètes olympiques. Cette adaptation physiologique exceptionnelle se traduit par une incidence quasi nulle de maladies cardiovasculaires. Une étude de 2019 a montré que sur un échantillon de 500 Tarahumaras âgés de plus de 60 ans, seulement 0,3% présentaient des signes de maladie cardiaque, contre une moyenne de 20 à 30% dans les populations occidentales du même âge.

Le régime du coureur : Chia, maïs et longévité

L'alimentation des Tarahumaras joue un rôle crucial dans leur capacité à courir sur de longues distances et dans leur longévité. Leur régime, principalement végétarien, est riche en maïs, haricots et courges, complété par des graines de chia, une super-graine riche en oméga-3 et en antioxydants. Les Tarahumaras consomment en moyenne 50 à 100 grammes de graines de chia par jour, soit 10 fois plus que la consommation moyenne aux États-Unis.

Vidéo du jour

Ce régime à faible indice glycémique et riche en fibres contribue à maintenir des niveaux de cholestérol et de glucose sanguin exceptionnellement bas. Une étude menée par l'Université de Mexico en 2020 a révélé que le taux moyen de cholestérol LDL chez les Tarahumaras adultes était de 70 mg/dL, bien en dessous du seuil recommandé de 100 mg/dL. De plus, l'incidence du diabète de type 2 chez les Tarahumaras est de seulement 1,2%, contre 14,7% dans la population mexicaine générale.

La boisson traditionnelle des Tarahumaras, le "tesgüino", une bière de maïs fermentée, est également considérée comme bénéfique pour la santé. Riche en probiotiques, elle contribue à une flore intestinale saine, un facteur de plus en plus reconnu comme crucial pour la longévité.

L'effet canyon : Un environnement exigeant forge des corps résistants

L'environnement unique des Tarahumaras joue un rôle significatif dans leur santé exceptionnelle. Vivant à des altitudes variant de 1500 à 2400 mètres dans les canyons de la Sierra Madre, ils bénéficient d'un air pur et d'une exposition constante à la nature. Cette vie en altitude stimule naturellement la production de globules rouges, améliorant l'oxygénation du sang et la performance cardiovasculaire.

Le terrain accidenté de leur habitat oblige les Tarahumaras à maintenir une activité physique constante. Une étude de l'Université du Colorado a montré que les Tarahumaras adultes parcourent en moyenne 15 à 20 kilomètres par jour dans le cadre de leurs activités quotidiennes, sans compter leurs courses de longue distance. Cette activité physique intense et régulière se traduit par une densité osseuse 20% supérieure à celle des populations urbaines, réduisant considérablement les risques d'ostéoporose et de fractures liées à l'âge.

De plus, l'isolement relatif des Tarahumaras les a protégés de nombreux facteurs de stress modernes. Leur mode de vie traditionnel, axé sur la communauté et la connection avec la nature, contribue à des niveaux de stress chronique remarquablement bas. Des mesures de cortisol salivaire ont montré que les niveaux de stress des Tarahumaras sont en moyenne 30% inférieurs à ceux des populations urbaines.