Dans cette abbaye millénaire, une statue en or du Xe siècle fascine les visiteurs du monde entier

Au cœur de l'Aveyron, sur l'antique route de Saint-Jacques-de-Compostelle, se trouve l'une des plus remarquables cités médiévales de France. Cette ville millénaire abrite non seulement un trésor architectural avec son abbaye romane, mais également un patrimoine gastronomique unique hérité des pèlerins. L'estofinade, plat emblématique à base de stockfisch (morue séchée), témoigne de ces échanges historiques entre la mer du Nord et les terres occitanes. La convergence entre spiritualité, architecture et traditions culinaires fait de ce lieu un carrefour culturel exceptionnel.

Un chef-d'œuvre architectural roman qui accueille 500 000 visiteurs chaque année

L'abbatiale Sainte-Foy, construite entre le XIe et le XIIe siècle, représente l'un des plus beaux exemples de l'architecture romane en France. Son tympan monumental, sculpté vers 1130, illustre le Jugement Dernier à travers 124 personnages taillés dans la pierre. Cette œuvre magistrale, haute de 7 mètres et large de 9 mètres, continue de fasciner les historiens de l'art par la finesse de ses détails et la complexité de sa composition.

Le trésor de l'abbaye, considéré comme l'un des plus riches d'Europe, comprend plus de 150 pièces d'orfèvrerie médiévale. La statue-reliquaire de sainte Foy, datant du Xe siècle, constitue une pièce maîtresse unique au monde. Cette statue en or et pierres précieuses, haute de 85 centimètres, témoigne du savoir-faire des orfèvres médiévaux et de la richesse de l'abbaye à son apogée. Les yeux de la statue sont ornés de saphirs antiques, tandis que sa couronne est sertie de pierres précieuses provenant des quatre coins du monde médiéval.

Le cloître de l'abbaye, reconstruit au XVe siècle, offre un espace de méditation de 500 mètres carrés. Ses 78 chapiteaux sculptés racontent des histoires bibliques et profanes, créant un véritable livre de pierre accessible à tous les visiteurs. Les galeries du cloître, longues de 32 mètres chacune, abritent également des tombeaux médiévaux et des fragments de sculptures romanes découverts lors des restaurations.

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L'estofinade : un plat millénaire qui traverse 2000 kilomètres avant d'arriver dans l'assiette

L'estofinade représente bien plus qu'une simple recette locale. Ce plat traditionnel raconte l'histoire des échanges commerciaux entre la Scandinavie et l'Occitanie médiévale. Le stockfisch, morue séchée pendant 3 mois dans le froid norvégien, parcourait plus de 2000 kilomètres avant d'atteindre les cuisines aveyronnaises. Cette tradition culinaire, vieille de plus de 800 ans, témoigne des routes commerciales établies par les pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle.

La préparation de l'estofinade suit un rituel précis transmis de génération en génération. La morue séchée doit être réhydratée pendant 48 heures, puis mélangée avec des pommes de terre locales, des œufs frais et de l'huile de noix pressée dans les moulins de la région. Chaque année, plus de 5 tonnes de stockfisch sont importées spécialement pour maintenir cette tradition culinaire unique.

Les restaurateurs locaux perpétuent cette recette ancestrale en y apportant parfois des touches contemporaines. Certains établissements proposent jusqu'à 7 variations différentes de l'estofinade, allant de la version traditionnelle aux interprétations modernes incorporant des produits locaux comme le safran du Quercy ou les châtaignes des Cévennes.

Une cité médiévale qui conserve 85% de son architecture d'origine du XIIe siècle

Les ruelles pavées de la cité, dont certaines n'excèdent pas 1,5 mètre de large, forment un dédale de 3 kilomètres préservé depuis le Moyen Âge. Les maisons à colombages, dont les plus anciennes datent du XIIe siècle, constituent un ensemble architectural remarquable de 120 bâtiments classés monuments historiques. Les façades médiévales, construites en schiste local et en bois de châtaignier, témoignent des techniques de construction ancestrales.

Le circuit des remparts, long de 800 mètres, offre un panorama exceptionnel sur les toits en lauze de la cité et la vallée du Dourdou. Ces fortifications, érigées au XIIIe siècle, comportent encore 4 portes médiévales et 6 tours de guet qui permettaient de surveiller les approches de la ville. L'ensemble défensif couvre une superficie de 3,8 hectares et représente l'un des systèmes fortifiés les mieux conservés du sud de la France.