La reine Catherine de Médicis a séjourné dans ce château en 1565

Le Château d'Arranceau, situé dans le département du Gers en région Occitanie, est un témoignage remarquable de l'architecture Renaissance en France. Cette demeure seigneuriale, construite au 16e siècle, a su conserver son charme d'antan tout en s'adaptant aux évolutions de l'histoire. Avec ses tours élégantes, ses jardins à la française et son intérieur richement décoré, le Château d'Arranceau offre aux visiteurs une plongée fascinante dans l'art de vivre de la noblesse gasconne.

Un joyau architectural de la Renaissance qui a survécu aux guerres de religion

Le Château d'Arranceau fut édifié entre 1550 et 1580 pour le compte de la famille de Montluc, une puissante lignée de militaires et d'hommes d'État. Son architecture allie avec finesse les styles gothique et Renaissance, comme en témoignent les fenêtres à meneaux, les tourelles en poivrière et les ornements sculptés qui décorent les façades.

Un fait remarquable est que le château a traversé pratiquement indemne les guerres de religion qui ont ensanglanté la région à la fin du 16e siècle. Alors que de nombreux édifices voisins furent pillés ou détruits, le Château d'Arranceau fut épargné grâce à l'habileté diplomatique de son propriétaire, Blaise de Montluc. Ce dernier, bien que fervent catholique, sut maintenir de bonnes relations avec les chefs protestants, évitant ainsi les représailles sur ses terres.

Les intérieurs du château ont conservé de nombreux éléments d'époque, comme les cheminées monumentales, les plafonds à caissons et les tapisseries flamandes du 17e siècle. La salle d'armes, en particulier, est un véritable trésor : elle abrite une collection de plus de 200 pièces, dont des armures complètes, des épées et des arquebuses, témoins des faits d'armes de la famille de Montluc.

Des jardins à la française dessinés par Le Nôtre, le jardinier de Versailles

Les jardins du Château d'Arranceau, qui s'étendent sur 12 hectares, sont un exemple remarquable de l'art paysager français du 17e siècle. Ils furent dessinés en 1680 par André Le Nôtre, le célèbre jardinier du roi Louis XIV, créateur des jardins de Versailles.

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Le plan des jardins, avec ses parterres géométriques, ses allées rectilignes et ses bassins ornementaux, est un véritable chef-d'œuvre de symétrie et de perspective. Le grand canal, long de 800 mètres, est un élément particulièrement spectaculaire : il servait à l'origine pour des joutes nautiques, divertissement prisé de la noblesse de l'époque.

Les jardins abritent également un labyrinthe végétal, planté de charmilles centenaires. Ce dédale couvre une superficie de 2000 m², ce qui en fait l'un des plus grands labyrinthes historiques de France. Restauré en 2005 selon les plans originaux de Le Nôtre, il offre aux visiteurs une expérience ludique et poétique.

Un autre élément remarquable des jardins est l'orangerie, construite en 1685. Ce bâtiment, long de 50 mètres, servait à abriter les orangers et autres arbres fruitiers pendant l'hiver. Il a été restauré en 2010 et accueille aujourd'hui des expositions temporaires et des concerts.

Un lieu chargé d'histoire qui a accueilli des hôtes illustres

Au fil des siècles, le Château d'Arranceau a reçu la visite de nombreux personnages illustres. En 1565, la reine Catherine de Médicis y séjourna lors de son grand tour de France. Les archives du château conservent une lettre de la souveraine remerciant son hôte pour "la bonne chère et les divertissements" offerts lors de son passage.

En 1659, le château fut le théâtre d'une rencontre secrète entre le cardinal Mazarin et l'envoyé du roi d'Espagne. Cette entrevue, qui dura trois jours, permit de poser les bases du traité des Pyrénées, qui mit fin à la guerre franco-espagnole.

Au 18e siècle, le Château d'Arranceau devint un haut lieu de la vie mondaine gasconne. Ses propriétaires, la famille de Montesquiou, y organisaient des fêtes somptueuses, attirant la noblesse de toute la région. Le livre de comptes de l'époque révèle l'ampleur de ces réceptions : pour un bal donné en 1752, pas moins de 200 livres de bougies furent achetées, soit l'équivalent de la consommation annuelle d'une famille bourgeoise !

Pendant la Révolution française, le château fut saisi comme bien national mais échappa à la destruction grâce à l'intervention d'un notable local, Jean-Baptiste de Sérignac. Ce dernier racheta le domaine et le préserva jusqu'à la Restauration, période à laquelle il fut restitué à la famille de Montesquiou.

Au 19e siècle, le Château d'Arranceau connut une nouvelle période de faste sous l'égide de la comtesse Adèle de Montesquiou. Cette femme de lettres, amie de Prosper Mérimée et de George Sand, fit du château un foyer artistique et littéraire. Mérimée, qui séjourna à plusieurs reprises au château, s'en inspira pour son nouvelle "La Vénus d'Ille", publiée en 1837.

Aujourd'hui, le Château d'Arranceau est ouvert à la visite d'avril à octobre. Les visiteurs peuvent découvrir les salons d'apparat, la salle d'armes, la chapelle et bien sûr les célèbres jardins. Des visites guidées, assurées par les descendants de la famille de Montesquiou, permettent de plonger dans les secrets et les anecdotes de ce lieu d'exception.