Jordan Bardella est d'origine kabyle !

Origines algériennes de Jordan Bardella : le "tabou" du président du RN dévoilé

À quelques jours des élections législatives, une récente enquête a révélé un pan méconnu de l'histoire familiale de Jordan Bardella, le jeune et ambitieux président du Rassemblement national. Alors qu'il met régulièrement en avant ses racines italiennes, il s'avère que son arrière-grand-père paternel était en réalité un travailleur immigré algérien, installé en France dans les années 1930. Une information qui détonne avec le discours du parti d'extrême droite sur l'immigration.

Mohand Séghir Mada, l'aïeul kabyle de Jordan Bardella

C'est le magazine Jeune Afrique qui a levé le voile sur cet épisode méconnu de la généalogie du président du RN. Mohand Séghir Mada, né à Guendouz en Kabylie, a débarqué à Marseille en 1930 avant de s'installer dans la région lyonnaise. Comme de nombreux Algériens à l'époque, il est venu travailler dans les usines textiles et le bâtiment de Villeurbanne.

Contrairement à son frère Bachir qui envoyait régulièrement de l'argent au pays, Mohand Séghir a choisi de faire sa vie en France. Il a épousé une Alsacienne, Denise Annette Jaeck, avec qui il a eu quatre enfants dont Réjane, la grand-mère paternelle de Jordan Bardella. Seul un de ses fils, Roland René, a renoué des liens avec la famille restée en Algérie dans les années 1990.

Un "tabou" familial et politique

Si le patron du RN évoque volontiers ses origines transalpines, il n'a en revanche jamais publiquement mentionné cet aïeul algérien. Un "tabou" selon Jeune Afrique, dans une famille et un parti peu portés sur la question de l'immigration maghrébine. Pourtant, l'histoire de Mohand Séghir Mada, qui a travaillé dur pour s'intégrer et fonder une famille en France, n'est pas sans rappeler le discours de Jordan Bardella sur l'assimilation.

Mais évoquer cet héritage algérien reviendrait à briser un tabou pour le parti lepéniste, fondé il y a 50 ans par d'anciens nostalgiques de l'Algérie française. Un paradoxe pour un mouvement qui a fait de la lutte contre l'immigration son fonds de commerce politique. Le RN plaide ainsi pour la fin du droit du sol et la "priorité nationale" en matière d'emploi et d'aides sociales.

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Des propositions chocs sur l'immigration lors du débat télévisé

Ces origines algériennes passées sous silence contrastent avec les récentes déclarations de Jordan Bardella sur l'immigration lors du débat télévisé face à Gabriel Attal et Manuel Bompard. Le président du RN y a défendu ses propositions controversées comme la fin du regroupement familial ou l'expulsion des "délinquants étrangers".

Il s'est également illustré par une sortie confuse sur les retraites, évoquant un possible report à 66 ou 67 ans pour ceux qui commencent à travailler plus tard. Des propos qui ont suscité l'incompréhension, le RN prônant officiellement un retour de l'âge légal à 60 ans. Selon ses adversaires, Jordan Bardella peine à assumer les incohérences et la radicalité du programme de son parti sur ces sujets.

Des révélations qui tombent à pic pour ses adversaires

À quelques jours d'un scrutin crucial qui pourrait voir le RN accéder à Matignon, ces révélations sur le "tabou algérien" de Jordan Bardella font les choux gras de ses opposants. Sur les réseaux sociaux, nombre d'internautes soulignent le paradoxe entre le parcours de son aïeul et le discours xénophobe du parti lepéniste.

"L'arbre généalogique de Jordan Bardella est bien plus divers qu'il ne veut le faire croire", a ironisé le député LFI Alexis Corbière. "Ça prouve bien que l'immigration est une chance pour notre pays, à condition d'abandonner la stigmatisation", a renchéri l'écologiste Julien Bayou. Des piques qui visent à décrédibiliser le président du RN sur son thème de prédilection.

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Un difficile inventaire pour l'extrême droite française

Au-delà du cas Bardella, ces révélations mettent en lumière la difficulté pour l'extrême droite française d'assumer son rapport complexe à l'immigration et à l'identité. Un héritage post-colonial refoulé qui resurgit par à-coups, comme lorsque la nièce de Marine Le Pen avait comparé les Algériens d'aujourd'hui à ceux d'hier, dont certains ont pourtant combattu pour la France.

En fouillant dans le passé, c'est tout un imaginaire du "eux" et du "nous", fondateur pour le FN/RN, qui se fissure. Comme si le discours décliniste sur le "grand remplacement" masquait une réalité plus mixte, faite de trajectoires familiales disparates, à l'image d'une société française diverse et métissée. Un multiculturalisme que le RN rejette mais qui s'invite dans l'arbre généalogique-même de son président.

Nos réponses à vos questions sur les origines algériennes de Jordan Bardella

Jordan Bardella a-t-il vraiment un arrière-grand-père algérien ?

Oui, selon l'enquête fouillée du magazine Jeune Afrique, son arrière-grand-père paternel Mohand Séghir Mada a immigré de Kabylie vers la France dans les années 1930 pour travailler dans la région lyonnaise. Il s'y est marié et installé définitivement.

Pourquoi le RN n'a jamais évoqué cet aïeul ?

Parce que cela reviendrait à briser un "tabou" pour le parti lepéniste, fondé par des nostalgiques de l'Algérie française et qui a fait de la lutte contre l'immigration son fonds de commerce. Évoquer cette ascendance algérienne serait contradictoire avec le discours RN sur l'intégration.

Ces révélations peuvent-elles affecter Jordan Bardella dans les urnes ?

Difficile à dire tant le sujet est sensible au RN, mais ses adversaires comptent bien utiliser ce "paradoxe Bardella" dans la dernière ligne droite. Si cela ne devrait pas bouleverser le vote, ça participe à fragiliser le président du RN sur son thème de prédilection, à l'heure où il espère accéder à Matignon.