Pourquoi les arabe n’aime pas les chiens ?

Le chien, cet animal qui divise le monde arabe

En vous promenant dans les rues d'une ville arabe, vous serez peut-être surpris de croiser si peu de chiens. Pourtant, cet animal de compagnie si apprécié en Occident semble absent des foyers arabes. Est-ce une question de culture, de religion ou de mode de vie ? Les raisons sont en réalité multiples et parfois inattendues.

L'Islam et les chiens : entre méfiance et tolérance

Beaucoup pensent que l'Islam interdit formellement la possession de chiens. Pourtant, si on se réfère aux textes, le Coran ne mentionne cet animal qu'à une seule reprise, sans le diaboliser. Ce sont plutôt certains hadiths (paroles attribuées au prophète Mahomet) qui jettent un voile de suspicion. L'un d'eux affirme que les anges n'entrent pas dans une maison où se trouve un chien.

Pour autant, d'autres hadiths plus positifs existent aussi. Le prophète aurait par exemple ordonné de ne pas tuer les chiens et de bien les traiter. L'interdiction absolue semble donc relever plus de certaines interprétations que d'un consensus. D'ailleurs, plusieurs courants de l'Islam, notamment le courant malékite, autorisent la possession de chiens sous certaines conditions.

Une question d'hygiène et de pureté

Pour beaucoup de musulmans, le vrai problème avec les chiens est une question de pureté. Leur salive est considérée comme impure. Si elle entre en contact avec un vêtement ou un objet, il faudrait le laver 7 fois avant de pouvoir prier. Un vrai casse-tête dans des sociétés où les ablutions et la prière rythment la journée.

Cette crainte des microbes canins n'est d'ailleurs pas infondée. Des études ont montré que leur salive peut transmettre des bactéries et des parasites potentiellement dangereux pour l'homme. À une époque où l'hygiène était précaire, limiter les contacts avec les chiens était peut-être une mesure de santé publique.

Un mode de vie peu compatible

Au-delà des considérations religieuses, le mode de vie traditionnel dans de nombreux pays arabes se prête mal à la possession d'un chien. Beaucoup vivent dans de petits appartements en ville, sans jardin ni espace vert à proximité. Difficile d'offrir à un chien l'exercice dont il a besoin dans ces conditions.

De plus, la chaleur extrême qui règne dans ces régions une bonne partie de l'année est très pénible pour les chiens, surtout ceux à poil long. Les laisser enfermés toute la journée dans des pièces surchauffées serait une vraie torture.

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Quand la culture populaire diabolise les chiens

Dans l'imaginaire populaire arabe, les chiens ont souvent mauvaise réputation. De nombreux proverbes et expressions les associent à la saleté, à l'errance, voire au diable. Le terme même de "chien" est une insulte courante.

Il faut dire que pendant longtemps, les seuls chiens visibles dans l'espace public étaient des chiens errants, souvent porteurs de maladies comme la rage. Cela a contribué à cristalliser la méfiance. Même si ces chiens sont aujourd'hui moins nombreux grâce aux campagnes de stérilisation, le sentiment négatif perdure.

L'exception des chiens de chasse et de garde

Malgré tout, il existe des exceptions notables à ce rejet du chien dans le monde arabe. Les chiens de chasse, comme les lévriers ou les sloughis, y sont appréciés et respectés depuis des siècles. On les considère différemment des chiens de compagnie. Ils ont un rôle utilitaire valorisé.

De même, les chiens de garde pour protéger les troupeaux ou les propriétés sont assez répandus dans les campagnes. Là encore, leur utilité primera sur les considérations religieuses, d'autant que le contact est plus distant qu'avec un animal de compagnie.

Une nouvelle génération plus ouverte

Si les réticences culturelles restent fortes, on observe une évolution ces dernières années, surtout chez les jeunes générations urbaines. De plus en plus osent adopter un chien, signe d'ouverture sur un mode de vie plus occidentalisé.

Les réseaux sociaux contribuent à cette tendance en mettant en avant le quotidien de propriétaires de chiens dans le monde entier. Les vidéos mignonnes et les histoires touchantes font leur effet, même sur les plus réticents ! Les mentalités évoluent peu à peu.

Des alternatives répandues

Malgré cette timide évolution, les chiens restent très minoritaires dans les foyers arabes actuellement. D'autres animaux sont préférés, car jugés plus compatibles avec la religion, le climat et le mode de vie.

Les chats notamment sont très populaires. Ils sont considérés comme des animaux propres et ils étaient appréciés du prophète selon la tradition. Les oiseaux aussi ont une place de choix, comme animaux d'agrément. Bien loin de l'image du chien, compagnon des sorties et des jeux.

Une relation à (re)construire

Les raisons qui tiennent les Arabes à distance des chiens sont donc complexes et multifactorielles. Entre religion, hygiène, mode de vie et imaginaire négatif, difficile de faire bouger les lignes rapidement.

Pourtant, les bienfaits de la présence d'un chien sont nombreux et prouvés scientifiquement : réduction du stress, motricité des enfants, lien social... Un vrai potentiel pour les sociétés arabes de demain. La clé sera sans doute l'éducation, pour déconstruire les stéréotypes et promouvoir une possession responsable.

Vers une cohabitation apaisée

Au final, l'avenir du chien dans le monde arabe passera par une approche nuancée et respectueuse des sensibilités. Pas question d'imposer un modèle unique, mais plutôt de dialoguer pour trouver un équilibre entre tradition et évolution.

Car le chien, au-delà des clivages culturels, reste le meilleur ami de l'homme. Un lien précieux à cultiver, dans le respect mutuel. En apprenant à mieux connaître cet animal et à lui faire une place adaptée dans leur environnement, nul doute que de plus en plus d'Arabes succomberont à son charme et sa fidélité légendaires. Un beau défi pour les années à venir !