Pourquoi les Jamaïcains sont les hommes les plus rapides de la planète
La Jamaïque, cette petite île des Caraïbes avec une population 100 fois inférieure à celle des États-Unis, produit pourtant les sprinteurs les plus rapides au monde.
Usain Bolt, détenteur de 8 médailles d'or olympiques, court le 100 mètres en 9,58 secondes, tandis que ses compatriotes Yohan Blake et Asafa Powell se classent respectivement 2ème et 4ème sur la liste des hommes les plus rapides. Mais alors, quel est le secret de cette incroyable réussite jamaïcaine dans le domaine de l'athlétisme ?
Une prédisposition génétique favorable
Une des hypothèses avancées pour expliquer la rapidité des Jamaïcains réside dans leur patrimoine génétique. Le gène ACE, plus fréquemment retrouvé chez les sprinters de haut niveau, est également associé à une taille de cœur supérieure à la moyenne, permettant un apport en oxygène accru vers les muscles. Bien que ce gène soit plus répandu dans les populations d'origine africaine, sa prévalence est encore plus élevée en Jamaïque qu'en Afrique.
Cela s'explique par le fait que, parmi les 10 millions d'Africains déportés lors de la traite négrière, les plus faibles ont péri durant le voyage, laissant une génération plus robuste sur l'île.
L'influence du sol jamaïcain
La composition du sol jamaïcain pourrait également jouer un rôle dans le développement des fibres musculaires à contraction rapide. En effet, certaines régions de l'île présentent des dépôts importants de minerai d'aluminium qui, durant les trois premiers mois de grossesse, peuvent favoriser la formation de ces fibres musculaires essentielles pour les sprinters.
Une alimentation riche en énergie
La banane verte et l'igname, deux aliments de base de la cuisine jamaïcaine, pourraient également contribuer aux performances des athlètes locaux. Les bananes vertes sont riches en énergie, tandis que les ignames contiennent des hypostéroïdes, des composés bénéfiques pour les muscles.
L'héritage du Dr Benjamin Washburn
Dans les années 1920, alors que la Jamaïque ne pouvait se permettre de mettre en place les améliorations sanitaires en cours dans les pays en développement, la Fondation Rockefeller a envoyé le Dr Benjamin Washburn pour partager les meilleures pratiques en matière de santé à moindre coût.
Grâce à des mesures simples comme l'utilisation de moustiquaires contre le paludisme, l'isolement des patients atteints de tuberculose et la construction de latrines, l'espérance de vie en Jamaïque est passée de 36 ans à la naissance en 1920 à 70 ans en 1977, soit seulement 9 ans avant la naissance d'Usain Bolt.
Le sport comme échappatoire à la pauvreté
Malgré une population en meilleure santé, la Jamaïque est restée un pays pauvre, avec peu de moyens pour investir dans des équipements sportifs coûteux. La course à pied, accessible à tous, est alors devenue une priorité dans les zones rurales de l'île, offrant aux jeunes une opportunité de s'extraire de la pauvreté grâce à leur talent.
En somme, la combinaison d'une prédisposition génétique, d'un environnement propice au développement musculaire, d'une alimentation adaptée, de l'héritage sanitaire du Dr Washburn et d'une culture sportive centrée sur la course à pied a permis à la Jamaïque de devenir une véritable pépinière de champions de sprint.