Mobilisation historique de la filière hippique le 7 novembre 2024 contre la surtaxation des paris
Le jeudi 7 novembre 2024 marquera l'histoire des courses hippiques françaises. Pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, hors période Covid, toutes les courses et qualifications seront annulées ou reportées sur décision commune du Trotteur Français et de France Galop. Un arrêt quasi inédit destiné à défendre l'avenir de toute une filière, menacé par un projet gouvernemental de surtaxation des paris hippiques.
60 000 emplois en jeu, des centaines de millions d'euros de taxes en plus
Au cœur de la mobilisation, un amendement au projet de loi de financement de la sécurité sociale. Celui-ci prévoyait de taxer de 5% les gains des parieurs de plus de 1 500€. Soit, selon les estimations de la filière, près de 200 millions d'euros prélevés chaque année sur les joueurs, et autant de manque à gagner pour l'institution des courses.
"Un coup terrible, quand on sait que les paris financent l'ensemble de notre écosystème", alerte Aliette Forien, driver et éleveuse. De l'entretien des hippodromes aux allocations des professionnels, en passant par l'encouragement de l'élevage, ce sont en effet plus de 60 000 emplois directs et indirects qui dépendent aujourd'hui des enjeux des turfistes.
Rejet de l'amendement : une première victoire, la guerre continue
Lundi 4 novembre, les députés ont finalement rejeté cet amendement. Un premier soulagement pour le monde des courses, mais pas question de crier victoire. Le gouvernement devrait en effet recourir au 49.3 pour faire adopter son budget de la Sécu. Et ce dernier aura alors tout loisir de réintégrer la mesure.
"C'est maintenant que tout se joue, dans les échanges de couloirs avec les cabinets ministériels", décrypte la députée de la Mayenne Géraldine Bannier, très engagée sur le dossier. "Il faut marteler nos arguments, montrer l'impact désastreux pour l'emploi. Et combattre les a priori sur un milieu mal connu, à l'image d'un PMU à tort assimilé aux paris en ligne."
Tous à Paris pour un "jeudi noir"
Voilà pourquoi socioprofessionnels et élus appellent à une mobilisation massive ce jeudi 7 novembre. Objectif : "mettre le paquet" pour interpeller l'exécutif et l'opinion, avec un grand raout prévu à Paris. Le Trotteur Français et France Galop parient sur "au moins 5 000 personnes dans la rue", quand les syndicats espèrent monter à 10 000 manifestants.
En parallèle de ce "jeudi noir" des courses, les responsables de la filière multiplient les rendez-vous avec les conseillers ministériels et de l'Elysée. Avec un dernier espoir : arracher un arbitrage favorable avant l'arrivée du texte au Sénat mi-novembre.
L'avenir des courses françaises jouera donc bien son va-tout ce 7 novembre. Leurs acteurs veulent croire que cette journée historique sera celle de la reconnaissance de leur utilité économique et sociale. Et d'une victoire face à un projet de taxe jugé mortifère. Réponse dans les starting-blocks des prochains jours.
FAQ : Pourquoi la filière hippique se mobilise
Pourquoi les courses sont-elles annulées le 7 novembre 2024 ?
Les sociétés mères des courses (Le Trotteur Français et France Galop) ont décidé d'annuler les compétitions pour protester contre un projet gouvernemental de taxation des paris hippiques. Cette journée "sans courses" vise à alerter sur la menace que ce projet fait peser sur la filière.
En quoi consiste le projet de taxe contesté ?
Un amendement au projet de loi de financement de la sécurité sociale prévoyait de taxer de 5% les gains des parieurs de plus de 1 500€. Selon la filière, cela représenterait près de 200 millions d'euros prélevés chaque année, mettant en péril son modèle économique.
Que représentent les paris hippiques pour la filière ?
Les enjeux des parieurs financent l'ensemble de l'écosystème hippique : entretien des hippodromes, allocation des professionnels, encouragement de l'élevage... Au total, plus de 60 000 emplois directs et indirects dépendent aujourd'hui des paris.
Où en est le projet de taxe dans le processus législatif ?
L'amendement a été rejeté par les députés le 4 novembre. Mais le gouvernement devrait recourir au 49.3 pour faire adopter le budget de la Sécurité sociale, et pourrait donc réintégrer la mesure. La décision finale sera prise dans les prochains jours.
Quelles autres actions sont prévues en parallèle de l'annulation des courses ?
Une grande manifestation est organisée à Paris, avec plusieurs milliers de personnes attendues. L'objectif est d'interpeller l'exécutif et l'opinion publique. En parallèle, les représentants de la filière multiplient les rendez-vous dans les ministères pour défendre leur cause.