Régime hyperprotéiné : vos reins sont-ils en danger ?

Qui n'a jamais entendu qu'un régime trop riche en protéines allait nous envoyer droit vers l'insuffisance rénale et la dialyse ? Un mythe tenace qui inquiète de nombreux sportifs et adeptes des régimes hyperprotéinés. Mais qu'en est-il réellement ? Examinons les faits scientifiques.

Non, les protéines ne détruisent pas les reins… sauf si vous êtes déjà malade !

Bonne nouvelle : à ce jour, aucune étude n'a montré qu'un régime hyperprotéiné (apports supérieurs à 1,6-1,8g/kg/jour) pouvait dégrader la fonction rénale chez des personnes en bonne santé. Vos reins sont donc a priori parfaitement capables de gérer cet afflux de protéines sans dommages.

Le problème, c'est pour ceux qui souffrent déjà d'une maladie rénale, souvent sans le savoir. Dans ce cas, consommer trop de protéines peut effectivement accélérer la dégradation des reins en les faisant travailler davantage. Les déchets s'accumulent, les néphrons s'abîment… Jusqu'à la dialyse dans les cas les plus graves.

Les populations à risque : diabète, hypertension, antécédents familiaux

Mais qui sont ces personnes "à risque" pour qui les protéines peuvent devenir dangereuses ? En premier lieu, les diabétiques et les hypertendus, dont la maladie attaque les reins de façon insidieuse. Mais aussi ceux qui ont des antécédents familiaux de troubles rénaux, signe d'un terrain génétique défavorable.

Au total, on estime qu'entre 1 et 10% de la population générale souffrirait d'une insuffisance rénale plus ou moins sévère… Souvent sans même en avoir conscience ! D'où l'importance de surveiller régulièrement sa fonction rénale, surtout si vous suivez un régime hyperprotéiné au long cours.

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Faire le point sur sa santé rénale : les bons réflexes à adopter

Pour savoir où vous en êtes côté reins, rien de plus simple : il suffit de réaliser une prise de sang avec un dosage de la créatininémie. Cet indicateur permet d'estimer votre débit de filtration glomérulaire (DFG), et donc l'état de vos reins. Parlez-en à votre médecin !

Quand faire un bilan rénal ? Les grandes occasions

Idéalement, tout le monde devrait faire doser sa créatinine au moins une fois dans sa vie d'adulte. Un premier "point zéro" à réaliser autour de 25-30 ans, puis à renouveler tous les 3-4 ans si tout est normal. Les autres grandes occasions de (re)faire un bilan :

  • Avant de débuter un régime hyperprotéiné, surtout après 40-50 ans
  • Si vous avez des antécédents familiaux de maladies rénales
  • Si vous êtes diabétique, hypertendu, obèse...
  • En cas de doute (fatigue, troubles urinaires...) ou simplement pour vous rassurer !

Rappelons que ces examens de dépistage sont pris en charge à 100% par la Sécurité sociale sur prescription médicale. Profitez-en, c'est votre santé qui est en jeu !

Et pour ceux qui ont déjà une maladie rénale ?

Si jamais votre bilan sanguin révèle une anomalie, pas de panique. Une prise en charge précoce permet souvent de stabiliser la maladie et de préserver votre capital rénal. Votre néphrologue vous prescrira alors un régime adapté, avec une restriction protéique minimale pour soulager vos reins.

L'idée n'est pas de bannir totalement les protéines, indispensables à l'organisme, mais de rester sous la barre des 0,8 à 1g/kg/jour selon les cas. Un niveau suffisant pour couvrir vos besoins tout en ménageant vos reins. Les sources végétales (légumineuses, tofu, seitan...) seront à privilégier car mieux tolérées.

Nos réponses à vos questions sur protéines et santé rénale

Y a-t-il un seuil à ne pas dépasser côté protéines ?

Les études montrent qu'un apport jusqu'à 2g/kg/jour est sans danger pour des reins en bonne santé. Au-delà (cas de certains bodybuilders), on manque encore de données, donc la prudence reste de mise. Adaptez vos apports selon votre profil !

Certaines sources de protéines sont-elles plus néfastes que d'autres ?

Chez les personnes sensibles, les protéines animales seraient un peu plus "agressives" pour les reins que les protéines végétales. Mais pas de panique : en variant vos apports (viandes, poissons, œufs, produits laitiers, légumineuses, tofu...), vous limitez les risques.

Est-ce que les suppléments protéinés présentent un risque particulier ?

Les protéines en poudre ne sont pas plus dangereuses que celles de votre assiette, à quantité égale. Mais elles peuvent conduire plus facilement à des excès si on ne contrôle pas ses apports. À consommer avec modération, donc.

Quels sont les autres facteurs de risque pour les reins, en dehors des protéines ?

Surpoids et obésité, sédentarité, tabagisme, stress chronique, déshydratation, surconsommation de sel, d'alcool, d'anti-inflammatoires... Autant de facteurs qui mettent vos reins à rude épreuve. Adoptez un mode de vie sain dans sa globalité !

En résumé, sauf pathologie préexistante, vous pouvez consommer jusqu'à 2g/kg/jour de protéines sans crainte pour vos reins. Au-delà, on manque encore de recul. Et comme les maladies rénales sont souvent silencieuses, pensez à faire un bilan régulier pour partir l'esprit tranquille. Vos reins vous diront merci !