Pas de vitamine A, pas de bébé : ce nutriment essentiel qui conditionne la fertilité

La carence en vitamine A provoque 100% d'avortements spontanés chez le rat, révèle une étude

On sait depuis longtemps que la vitamine A, ou rétinol, joue un rôle essentiel dans la vision, l'immunité et la croissance. Mais des recherches récentes montrent que cette vitamine est aussi absolument indispensable à la reproduction et au développement embryonnaire. Une étude bouleversante révèle même que chez des rates carencées en vitamine A, 100% des embryons finissent par être résorbés spontanément. Explications.

Sans vitamine A, pas de reproduction possible

Dès les années 1930, des expériences menées sur des animaux ont montré que la carence en vitamine A entraînait une dégénérescence des organes reproducteurs mâles et femelles, rendant la reproduction impossible. Une étude récente détaille les conséquences dramatiques d'une carence lors de la gestation chez le rat :

  • Les femelles carencées en début de gestation ne parviennent pas à mener leur grossesse à terme
  • Dans 100% des cas, les embryons dégénèrent et finissent par être complètement résorbés
  • Si une faible dose de vitamine A est donnée en début de grossesse, les embryons se forment mais présentent de graves malformations, incompatibles avec la survie

Les chercheurs ont pu "sauver" partiellement les embryons en administrant de la vitamine A à dose optimale avant le 10ème jour de gestation chez le rat (équivalent de la 3ème semaine chez l'humain). Mais passé ce stade, les dégâts sont irréversibles.

90% des malformations congénitales dues à une carence précoce en vitamine A

L'équipe a aussi analysé en détail les malformations des embryons chez les mères légèrement carencées. Les résultats sont édifiants :

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  • 49% présentent des malformations oculaires, dont des rétines non développées
  • 38% ont des reins mal formés ou mal positionnés
  • 31% souffrent de hernie diaphragmatique
  • Des anomalies cardiaques, pulmonaires et urogénitales sont aussi fréquemment observées

Au total, près de 90% des embryons exposés à une carence précoce en vitamine A développent au moins une malformation majeure. Des résultats qui se confirment chez d'autres espèces animales, faisant craindre des conséquences similaires chez l'humain en cas de carence en début de grossesse.

La vitamine A, morphogène indispensable de l'embryon à l'adulte

Mais par quels mécanismes la vitamine A orchestre-t-elle le développement ? On sait maintenant que son métabolite actif, l'acide rétinoïque, agit comme une hormone qui régule l'expression de nombreux gènes, et ce dès les tous premiers stades du développement embryonnaire :

  • Mise en place de l'axe antéro-postérieur qui définit la tête et la queue du futur embryon
  • "Patternage" du tube neural qui formera le cerveau et la moelle épinière
  • Formation et segmentation des somites, précurseurs des vertèbres
  • Développement des yeux, des oreilles, du cœur, des poumons, des reins...

Son rôle morphogène se poursuit après la naissance : la vitamine A reste cruciale pour la croissance des os, la maturation des tissus pulmonaires et la différenciation de nombreux types cellulaires (peau, muqueuses, sang...). Un équilibre subtil, car un excès de vitamine A peut aussi s'avérer tératogène.

Comment assurer des apports optimaux en vitamine A pendant la grossesse ?

Pour prévenir tout risque de carence et de malformations, il est recommandé aux femmes en âge de procréer de veiller à leurs stocks en vitamine A, idéalement dans les mois précédant une grossesse. Les experts conseillent :

  • De consommer régulièrement des aliments riches en vitamine A : foie, œufs, beurre, fromages, légumes verts...
  • D'éviter les régimes restrictifs qui risquent d'entraîner des carences
  • De surveiller ses apports si on a des troubles digestifs qui diminuent l'absorption des nutriments
  • En cas de doute, de demander un dosage de la vitamine A sérique et de suivre l'avis de son médecin pour une éventuelle supplémentation

Des réflexions sont aussi en cours pour ajouter la vitamine A aux suppléments multivitaminés traditionnellement prescrits aux femmes enceintes. Une mesure de santé publique qui pourrait contribuer à réduire le risque de handicaps congénitaux.

Nos réponses à vos questions sur vitamine A et grossesse

Les besoins en vitamine A sont-ils plus élevés pendant la grossesse ?

Oui, les besoins augmentent légèrement, on estime qu'il faut 700 µg par jour (contre 600 en temps normal). Cet apport supplémentaire est normalement couvert par une alimentation équilibrée. En cas de nausées importantes ou de régime déséquilibré, une supplémentation temporaire peut être discutée avec le médecin.

Quels sont les signes d'une carence en vitamine A ?

Une carence profonde peut entraîner des troubles de la vision nocturne, une sécheresse cutanée et oculaire, une plus grande sensibilité aux infections. Mais elle passe souvent inaperçue car les signes sont peu spécifiques (fatigue, maux de tête...). Un dosage sanguin permet de la dépister et de la corriger à temps.

Peut-on faire une overdose de vitamine A avec l'alimentation ?

C'est très rare, car les aliments les plus riches comme les abats ne sont consommés qu'occasionnellement dans nos sociétés. Le risque existe surtout avec les compléments alimentaires dosés à plus de 3500 µg par jour. D'où l'importance de respecter les doses prescrites et de ne pas cumuler plusieurs suppléments sans avis médical.

Que penser des études qui ne retrouvent pas d'effet de la carence en vitamine A ?

Certaines études épidémiologiques ne confirment pas l'impact de la carence sur le risque de malformations. Mais elles sont souvent rétrospectives et basées sur des estimations des apports alimentaires, moins fiables que les dosages sanguins. Les preuves expérimentales chez l'animal restent très solides. Par précaution, mieux vaut donc optimiser ses stocks en vitamine A avant la grossesse.