Vitamine K2 : un espoir contre la calcification cardiovasculaire liée à l'insuffisance rénale ?
L'insuffisance rénale chronique s'accompagne souvent d'une calcification délétère des vaisseaux sanguins et des valves cardiaques, un facteur de risque cardiovasculaire majeur. Mais une nouvelle étude révèle qu'un apport élevé en vitamine K2 pourrait contrer ce phénomène, offrant ainsi une piste prometteuse pour protéger le cœur et les artères des patients insuffisants rénaux.
Un risque cardiovasculaire fortement accru en cas d'insuffisance rénale
Les personnes souffrant d'insuffisance rénale chronique (IRC) présentent un risque très élevé de développer des maladies cardiovasculaires. En cause notamment : un dépôt anormal de calcium dans les artères et les valves cardiaques, qui les rigidifie et perturbe leur fonctionnement. Un processus qui contribue au développement de l'athérosclérose et de l'hypertension artérielle.
Ce phénomène de calcification vasculaire touche la majorité des patients dialysés, mais il commence dès les stades précoces de l'IRC. Il est favorisé par les troubles du métabolisme phosphocalcique fréquents dans l'IRC (hyperphosphorémie...), mais aussi par le stress oxydant, l'inflammation chronique et la sénescence cellulaire qui l'accompagnent.
La vitamine K, un acteur clé pour inhiber la calcification
De plus en plus de données montrent qu'un déficit en vitamine K joue un rôle dans la calcification vasculaire liée à l'IRC. La vitamine K agit notamment comme cofacteur pour activer des protéines qui inhibent la minéralisation des artères, comme la Matrix Gla Protein (MGP). Sans vitamine K, ces protéines restent inactives et ne peuvent pas jouer leur rôle protecteur.
Des études ont montré que les patients insuffisants rénaux présentent souvent un déficit en vitamine K et des taux élevés de MGP inactive. Dès lors, corriger ce déficit en vitamine K apparaît comme une stratégie prometteuse pour lutter contre ces calcifications pathologiques.
La ménaquinone-7, une forme de vitamine K2 très étudiée
Parmi les différentes formes de vitamine K, la ménaquinone-7 (MK-7), une vitamine K2 d'origine naturelle présente dans certains aliments fermentés comme le natto, suscite un intérêt croissant. Des études observationnelles ont montré qu'une consommation élevée de MK-7 est associée à une diminution du risque cardiovasculaire et de la calcification artérielle.
Mais les preuves d'un effet direct de la supplémentation en MK-7 manquaient jusqu'à présent. C'est ce qu'a voulu tester une équipe allemande dans un modèle animal d'IRC, en analysant l'impact d'un apport élevé en MK-7 sur le développement des calcifications cardiovasculaires.
Un effet protecteur démontré sur les calcifications chez le rat IRC
Les chercheurs ont utilisé un modèle de rats rendus insuffisants rénaux et nourris avec un régime riche en phosphate pour induire des calcifications. Une partie des animaux recevait en plus un supplément de MK-7 à forte dose (100 µg/g d'aliment) pendant 12 semaines, tandis que les autres servaient de contrôle.
Résultats : la supplémentation en MK-7 a permis de réduire significativement les calcifications au niveau de l'aorte et du cœur chez les rats IRC par rapport au groupe contrôle. Cet effet s'accompagnait d'une augmentation de l'expression de la MGP, suggérant que la MK-7 a stimulé la production de cette protéine protectrice.
En revanche, la MK-7 n'a pas eu d'impact sur les autres conséquences de l'IRC comme l'hypertension, l'hypertrophie cardiaque ou la calcification rénale. Son action semble donc spécifique de la calcification vasculaire.
Vers des essais cliniques chez l'homme
Cette étude apporte donc une preuve expérimentale solide des bénéfices cardiovasculaires d'une supplémentation en vitamine K2 (MK-7) dans le contexte de l'IRC, via une inhibition de la calcification artérielle et cardiaque. Selon les auteurs, ces résultats justifient la réalisation d'essais cliniques chez les patients insuffisants rénaux.
Si ces futurs essais confirment l'intérêt et l'innocuité de la MK-7, cette dernière pourrait devenir un atout nutritionnel pour protéger le système cardiovasculaire des méfaits de l'IRC, en complément des traitements existants. Une perspective pleine d'espoir pour les nombreux patients concernés.
Les questions que vous vous posez sur la vitamine K2
Quels sont les aliments riches en vitamine K2 (MK-7) ?
Les meilleures sources alimentaires de MK-7 sont le natto (soja fermenté japonais), certains fromages fermentés comme le Gouda, le Cheddar ou le Brie, et le foie de poulet. Mais il est difficile de couvrir des apports optimaux uniquement via l'alimentation.
La supplémentation en MK-7 est-elle sûre ?
Oui, la MK-7 a démontré une très bonne sécurité d'emploi, sans effet secondaire rapporté, que ce soit chez l'animal ou chez l'homme. Contrairement à la vitamine K1, elle ne semble pas interagir avec les anticoagulants oraux de type AVK.
Quelle dose de MK-7 prendre pour obtenir un effet protecteur sur les artères ?
Les études chez l'animal ont utilisé des doses de 30 à 100 µg/g d'aliment, ce qui équivaudrait à des apports de 100 à 360 µg par jour chez l'homme. Mais la posologie optimale chez les patients IRC reste à déterminer via des essais cliniques. En attendant, mieux vaut demander l'avis de son médecin avant toute supplémentation.
En conclusion, cette étude expérimentale livre des arguments convaincants en faveur d'un effet bénéfique de la vitamine K2 sous forme de MK-7 vis-à-vis de la calcification cardiovasculaire induite par l'insuffisance rénale chronique. Si ces résultats se confirment chez l'homme, la supplémentation en MK-7 pourrait devenir une arme de choix pour préserver la santé artérielle et réduire le fardeau cardiovasculaire de l'IRC. Affaire à suivre !