Cette maladie "féminine" qui fait plus de victimes chez les hommes
Longtemps considérée comme une maladie essentiellement féminine, l'ostéoporose touche pourtant un nombre croissant d'hommes seniors. Cette réalité, souvent méconnue, soulève des questions cruciales sur la santé osseuse masculine. Pourquoi cette pathologie reste-t-elle si peu diagnostiquée chez les hommes ? Des études récentes apportent un éclairage nouveau sur ce problème de santé publique, remettant en question certaines idées reçues sur la fragilité osseuse au masculin.
L'ostéoporose masculine : un phénomène sous-estimé
Contrairement à une idée largement répandue, l'ostéoporose n'épargne pas la gent masculine. Une étude publiée dans le Journal of Bone and Mineral Research révèle que près d'un homme sur cinq de plus de 50 ans sera victime d'une fracture ostéoporotique au cours de sa vie. Ces chiffres, longtemps sous-estimés, mettent en lumière l'ampleur du problème.
Le processus de perte osseuse chez l'homme diffère de celui observé chez la femme. Alors que les femmes connaissent une accélération brutale de la perte osseuse à la ménopause, les hommes subissent une diminution plus graduelle de leur densité minérale osseuse. Cette évolution plus lente explique en partie pourquoi l'ostéoporose masculine survient généralement plus tard, souvent après 70 ans.
Cependant, les conséquences n'en sont pas moins graves. Une recherche parue dans Osteoporosis International a montré que la mortalité suite à une fracture de la hanche était plus élevée chez les hommes que chez les femmes, avec un taux de décès dans l'année suivant la fracture atteignant 37% chez les hommes contre 28% chez les femmes.
Les facteurs de risque spécifiques aux hommes
Si certains facteurs de risque de l'ostéoporose sont communs aux deux sexes (âge, antécédents familiaux, tabagisme), d'autres sont plus spécifiques aux hommes :
1. Hypogonadisme : La diminution du taux de testostérone, qu'elle soit liée à l'âge ou à d'autres causes, joue un rôle crucial dans la perte osseuse masculine. Une étude publiée dans le New England Journal of Medicine a démontré qu'une baisse significative de testostérone était associée à une accélération de la perte osseuse chez les hommes âgés.
2. Alcoolisme chronique : La consommation excessive d'alcool affecte plus fréquemment les hommes et a un impact négatif direct sur la santé osseuse. Une recherche parue dans Alcoholism: Clinical and Experimental Research a mis en évidence une diminution significative de la densité minérale osseuse chez les hommes alcooliques chroniques.
3. Traitements anti-androgènes : Utilisés notamment dans le traitement du cancer de la prostate, ces traitements accélèrent la perte osseuse. Une étude publiée dans le Journal of Clinical Oncology a montré une augmentation du risque de fracture de 21% à 54% chez les hommes sous traitement anti-androgène.
Le défi du diagnostic précoce
Le sous-diagnostic de l'ostéoporose masculine s'explique par plusieurs facteurs :
- Manque de sensibilisation : Tant les hommes que les professionnels de santé sous-estiment souvent le risque d'ostéoporose masculine. Une enquête publiée dans le Journal of the American Geriatrics Society a révélé que moins de 20% des hommes considéraient l'ostéoporose comme un problème de santé les concernant.
- Absence de dépistage systématique : Contrairement aux femmes pour lesquelles un dépistage est recommandé après la ménopause, il n'existe pas de consensus clair sur le dépistage chez les hommes. Une étude parue dans Osteoporosis International a montré que moins de 10% des hommes de plus de 70 ans avaient bénéficié d'une ostéodensitométrie.
- Symptômes tardifs : L'ostéoporose étant une maladie silencieuse, les premiers signes n'apparaissent souvent qu'au moment d'une fracture. Une recherche publiée dans le Journal of Bone and Mineral Research a mis en évidence que plus de 80% des hommes ayant subi une fracture de fragilité n'avaient pas été diagnostiqués pour l'ostéoporose auparavant.