Jeûne intermittent : attention, vous risquez 2 fois plus de mourir d'une crise cardiaque !
C'est une étude qui fait l'effet d'une bombe dans le milieu de la nutrition. Présentée au congrès de l'American Heart Association, elle suggère que pratiquer le jeûne intermittent multiplierait par deux le risque de mourir d'une maladie cardiovasculaire. Une conclusion qui sème le doute chez les adeptes de cette méthode. Alors, faut-il s'inquiéter ? Décryptage.
Que dit exactement cette nouvelle étude sur le jeûne intermittent ?
Menée par des chercheurs chinois, cette étude avait pour but d'analyser le lien entre la fréquence des repas et la mortalité à long terme. Pour cela, ils ont suivi plus de 24 000 Américains pendant 8 à 17 ans, en les classant en différents groupes selon la durée quotidienne de leur "fenêtre alimentaire" :
- Moins de 8h par jour (jeûne intermittent)
- 8 à 10h par jour
- 10 à 12h par jour
- 12 à 16h par jour (groupe de référence, alimentation classique)
Le constat est sans appel : comparé au groupe de référence, les adeptes du jeûne intermittent (moins de 8h) avaient un risque 91% plus élevé de mourir d'une maladie cardiovasculaire (infarctus, AVC...). Un résultat pour le moins surprenant et alarmant !
Comment expliquer ce surprenant surrisque cardiovasculaire ?
Jusqu'ici, les études sur le jeûne intermittent étaient plutôt encourageantes, montrant des bénéfices sur le poids, le métabolisme, la glycémie... Du moins à court terme. Mais aucune donnée n'existait sur les effets à long terme de cette pratique. Alors, comment interpréter ces nouveaux résultats inquiétants ?
Plusieurs hypothèses peuvent être avancées :
- Le jeûne pourrait entraîner des "micro-stress" répétés pour l'organisme, avec une sécrétion d'hormones comme le cortisol ou l'adrénaline, toxiques pour le cœur à long terme.
- Les adeptes du jeûne avaient peut-être déjà des facteurs de risque (surpoids, cholestérol, diabète...) les poussant à essayer cette méthode, ce qui pourrait fausser les résultats.
- Manger dans une fenêtre réduite pourrait pousser à consommer des aliments plus denses en calories et moins sains pour compenser.
Bref, de nombreux paramètres qui restent à explorer pour comprendre le fin mot de l'histoire. D'autant que cette étude comporte certaines limites : elle se base sur un unique questionnaire rempli il y a parfois plus de 10 ans, sans suivi de l'évolution des habitudes des participants.
Faut-il pour autant bannir complètement le jeûne intermittent ?
Malgré ces résultats préoccupants, gardons raison. Une seule étude, même si elle est de qualité, ne peut remettre en question des années de recherches en sens inverse. Il faut d'autres travaux pour confirmer ou infirmer ce lien. Les auteurs eux-mêmes disent avoir été surpris, s'attendant au départ à un effet protecteur du jeûne !
Cela ne veut pas dire pour autant qu'il faut se jeter sur le jeûne à tout va. Cette étude a le mérite de nous rappeler que toute pratique alimentaire présente des bénéfices et des risques. La clé, c'est de rester à l'écoute de son corps et de ne pas le brusquer avec des changements trop drastiques.
Si le jeûne vous tente, parlez-en d'abord à votre médecin, surtout si vous avez des facteurs de risque cardiovasculaire. Et démarrez en douceur, avec des fenêtres de 10-12h, en veillant à la qualité de votre alimentation pendant les repas. L'idéal étant de trouver un rythme naturel et intuitif, sans se forcer.
Nos réponses à vos questions sur le jeûne intermittent et la santé cardiaque
Dois-je arrêter le jeûne si je le pratique déjà depuis longtemps ?
Si vous vous sentez bien et que vos bilans sanguins sont bons, pas de panique. Mais n'hésitez pas à en parler à votre médecin au moindre doute. Et écoutez votre corps : s'il vous envoie des signaux négatifs, ralentissez ou faites une pause.
Quels sont les symptômes d'alerte à surveiller ?
Fatigue excessive, vertiges, palpitations, douleurs thoraciques, essoufflement inhabituel... Autant de signes qui doivent vous alerter. Le jeûne ne doit pas être une contrainte ni un "challenge", mais un outil de bien-être.
Existe-t-il des contre-indications absolues au jeûne ?
Oui, le jeûne est fortement déconseillé en cas de grossesse, d'allaitement, de troubles du comportement alimentaire, de maigreur, d'hypotension ou de certains traitements médicaux. En cas de diabète ou de maladie chronique, un avis médical est indispensable.
Quelles précautions prendre pour jeûner en limitant les risques ?
Démarrez progressivement, hydratez-vous bien, écoutez vos sensations de faim/satiété, mangez équilibré et varié pendant les repas, complétez avec une supplémentation si besoin. Et surtout, ne vous mettez pas la pression ! Le jeûne doit rester un plaisir.
En conclusion, cette étude jette un pavé dans la mare du jeûne intermittent, en pointant un possible surrisque cardiovasculaire à long terme, encore mal compris. De quoi nous inciter à la prudence et à ne pas faire du jeûne un dogme, sans pour autant le diaboliser. La santé passe d'abord par l'équilibre global de ses habitudes, sans excès ni privation. À chacun de trouver son rythme, en fonction de ses objectifs, sa santé et ses envies !